MÉMOIRE - Laure Botella

I. La place des critiques, injures et diffamations avant la Révolution
française
Au fur et à mesure de notre recherche, nous avons découvert les très grandes similitudes dans les
accusations. Nous avons donc décidé de développer davantage le cas du pape Boniface VIII, pour
éviter les répétitions et pour deux autres raisons. La première est qu’il nous a semblé intéressant
d’étudier un cas qui l’est peu. La seconde est, qu’au risque de paraître anachronique, les
accusations portées à l’encontre du pape Boniface VIII, y compris après sa mort, peuvent être
considérées comme les premières diffamations, au sens encyclopédique du terme, connues et qui
ont été développées à l’encontre d’un responsable politique dans le cadre d’une lutte de pouvoir.
Elles en ont en tout cas toutes les caractéristiques.
1. Quand la diffamation permet d’éliminer un adversaire : le cas du pape Boniface VIII
Le Pape Boniface VIII est aujourd’hui méconnu du grand public. Or son antagonisme avec le roi
Philippe le Bel a eu comme conséquence le célèbre procès des Templiers. Cette lutte de pouvoir a
pour origine les très graves problèmes de trésorerie de la royauté française. A contrario, l’Eglise
est extrêmement riche entre son patrimoine, les biens des Templiers, la dîme, les dons des fidèles,
etc. Le roi souhaite donc imposer ces revenus ecclésiastiques, ce que l’Eglise a toujours refusé.
Ceci entrainera une lutte entre la papauté, pouvoir intemporel, et la royauté, pouvoir temporel.
Mais ne limiter cette lutte qu’à ces problèmes financiers serait simpliste, comme le montre le livre
d’Agostino Bagliani Paravicini 69 . En effet, comme le verrons dans cette partie, l’antagonisme entre
le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII a été exacerbé par des querelles d’égo et personnelles.
Cette lutte des pouvoirs ne s’est faite que sur la fin, avec des moyens militaires. Pendant près d’une
quinzaine d’années, elle s’est faite aux moyens de pressions, de bulles papales, de manifestes
royaux et de lettres interposées, de dénonciations et de calomnies. Nous monterons dans un
premier temps l’engrenage entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe le Bel, mais surtout avec
son légiste Guillaume de Nogaret et le cardinal Pietro Colonna. Cet engrenage débutera avant
l’élection du pape Boniface VIII pour se terminer plusieurs années après la mort de ce dernier.
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PARAVICINI BAGLIANI Agostino, Boniface VIII : Un pape hérétique ?, Payot, 2003, 516 pages. ISBN : 978-2228897686
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