MÉMOIRE - Laure Botella

Il est à noter que la recherche de buzz existait déjà avant l’apparition des réseaux sociaux
numériques. En effet, pour Edith Cresson, en 1991, les journalistes « décrivait uniquement comment
j’étais habillée, si j’avais un bracelet de telle ou telle nature. J’ai eu un très grave accident de voiture, et
comme je porte des collants, j’avais une cicatrice au genou, qui se voyait et ils disaient “comment peutelle
sortir avec des bas filés ?” Donc les journalistes se mettaient quasiment à genoux sur le trottoir pour
filmer mes jambes lorsque je sortais de la voiture » 178 ou encore « Le but c’était d’essayer de faire du
buzz » 179 , sans parler du fond ni des résultats. Il est à noter que le traitement des femmes faite par
certain·e·s journalistes n’a pas changé depuis cette époque.
Christian Delporte, historien des médias, « s’inscrit en faux » contre l’idée que les journalistes
fournissent une information de moins bonne qualité. Pour lui, il est vrai
« qu’il peut y avoir peu de vérification de l’information, parce que cela va vite. Mais pour
autant, si on calcule l’ensemble de l’information qui est diffusée, 99 % des informations
qui sont données, ont été vérifiée […] Donc je pense que les journalistes aujourd’hui sont
quand même beaucoup plus scrupuleux sur l’information qui leur est donnée que cela
n’était le cas il y a 30 ans. » 180
Buzz, « Copié-collé », vitesse de propagation de l’information, et baisse de la qualité également,
mais dont l’explication serait d’après Matthieu Protin une baisse des effectifs : « la plupart des
rédactions fonctionnent avec insuffisamment de personnel. Ils ont fait sauter les postes de secrétaires
de rédaction, (…) qui vérifient, recoupent, remisent et corrigent » 181 .
Et c’est effectivement confirmé par les données fournies par le site du CCIPJ 182 qui indique un
passage de 35928 cartes de presse professionnelles en 2015 à 35238 en 2016, et donc une forte
baisse.
Or Julia Cagé, Nicolas Hervé et Marie-Luce Viaud montrent, dans leur ouvrage, le lien qui existe
entre la création d’information originale et le nombre de journalistes présent·e·s dans une
rédaction 183 :
178
CRESSON Edith, ancien Premier ministre. Entretien réalisé le 5 septembre 2017.
179
Ibid.
180
DELPORTE Christian, Professeur d’histoire contemporaine, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines,
Directeur de la revue Le Temps des médias. Entretien réalisé le 8 septembre 2017.
181
PROTIN Matthieu, ancien conseiller en charge des discours et de l'éducation artistique et culturelle. Entretien réalisé
le 12 mai 2017.
182
35238 CARTES ATTRIBUÉES EN 2016, CCIJP, 4 janvier 2017 [consulté le 6 septembre 2017]. Disponible sur :
http://www.ccijp.net/article-33-cartes-attribuees-en.html
183
CAGÉ Julia, HERVÉ Nicolas et VIAUD Marie-Luce, L'information à tout prix, Paris, INA, 2017, 220 pages. P. 86
62