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MÉMOIRE - Laure Botella

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canapé » et non par ses compétences. Sans remonter à Philippe le Bel, où les femmes ne pouvaient<br />

de toute façon pas exercer de responsabilités, nous verrons que le traitement réservé aux femmes<br />

politiques a toujours été différent de celui des hommes. Tout d’abord, nous ferons une brève<br />

comparaison entre les accueils réservés à Lucien Neuwirth puis à Simone Veil, lors de la<br />

présentation de leurs lois respectives, qui portaient pourtant sur le même sujet à savoir le librearbitre<br />

des femmes à disposer de leur corps. Enfin, nous verrons le sort qui a été réservé à Edith<br />

Cresson, première et dernière femme Premier ministre en France.<br />

1. Une différence de traitement vis-à-vis des femmes : le cas de Lucien Neuwirth et de Simone<br />

Veil<br />

Lucien Neuwirth est né le 18 mai 1924 à Saint-Étienne. Durant la seconde guerre mondiale, il<br />

combattra en Belgique puis aux Pays-Bas. En 1945, il est arrêté puis se fait fusiller. Par chance, il<br />

ne sera que blessé.<br />

Simone Veil est née le 13 juillet 1927 à Nice. Déportée en 1944, elle finira par en sortir vivante, bien<br />

qu’elle perdra la majorité de sa famille suite à la guerre.<br />

Ces deux figures de la politique française ont un passé similaire, tous les deux ayant subi et survécu<br />

à la seconde guerre mondiale, de façon presque miraculeuse. Et ce n’est pas tout ce qu’ils ont en<br />

commun. En effet, Lucien Neuwirth et Simone Veil ont permis une avancée considérable dans les<br />

droits de la femme, l’un en légalisant la pilule contraceptive, alors qu’il était député gaulliste, l’autre<br />

en légalisant l’avortement, en tant que ministre sous Valéry Giscard d’Estaing.<br />

Les deux ont alors subi une contestation féroce de la part de leur propre camp, leurs lois finissant<br />

par être votées grâce à l’opposition parlementaire. Pourtant, en y regardant de plus près, nous<br />

pouvons constater que la nature des arguments ne furent pas les mêmes. Si elle fut politique envers<br />

Lucien Neuwirth, les député·e·s utilisèrent des arguments bien plus personnels envers Simone Veil.<br />

Ainsi, un des collègues de Lucien Neuwirth, le 1 er juillet 1967, commença son propos en disant 100 :<br />

« Il est regrettable qu’un tel projet ne puisse être discuté à huit clos comme aux assises quand il s’agit<br />

d’une affaire de mœurs. », avant de terminer son intervention :<br />

« D’autres parts, les maris ont-ils songé que, désormais, c’est la femme qui détiendra le<br />

pouvoir absolu d’avoir ou ne pas avoir d’enfants en absorbant la pilule, même à leur insu,<br />

100<br />

SEPT SUR SEPT, Lucien Neuwirth : la contraception, INA, 8 décembre 1981 [consulté le 7 septembre 2017]. 1 vidéo,<br />

3min38. Disponible sur : https://www.ina.fr/video/CAA8101822001<br />

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