MÉMOIRE - Laure Botella
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. La calomnie et le libelle diffamatoire<br />
« L’église, dit le célebre M. Pascal, a différé aux calomniateurs, aussi-bien qu’aux<br />
meurtriers, la communion jusqu’à la mort. Le concile de Latran a jugé indignes de l’état<br />
ecclésiastique ceux qui en ont été convaincus, quoiqu’ils s’en fussent corrigés ; & les auteurs<br />
d’un libelle diffamatoire, qui ne peuvent prouver ce qu’ils ont avancé, sont condamnés par le<br />
pape Adrien à être fouettés, flagellentur ». 36<br />
Comme nous l’avons vu dans l’introduction de cette deuxième partie, le mot diffamation n’est<br />
réellement défini qu’à partir de la loi du 17 mai 1819 sur les délits de presse. Auparavant, nous ne<br />
parlons pas de diffamation, mais de calomnie.<br />
Ainsi, dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, le mot calomnie est défini de la façon suivante 37 :<br />
« CALOMNIE, s. f. (Morale.) on calomnie quelqu’un, lorsqu’on lui impute des défauts ou des<br />
vices qu’il n’a pas. La calomnie est un mensonge odieux que chacun réprouve & déteste, ne<br />
fût-ce que par la crainte d’en être quelque jour l’objet. Mais souvent tel qui la condamne,<br />
n’en est pas innocent lui-même : il a rapporté des faits avec infidélité, les a grossis, altérés<br />
ou changés, étourdiement peut-être, & par la seule habitude d’orner ou d’exagérer ses<br />
récits. »<br />
Nous pouvons remarquer que la connotation morale est très présente. Elle l’est d’autant plus, qu’il est<br />
précisé que :<br />
« Un moyen sûr, & le seul qui le soit, pour ne point calomnier, c’est de ne jamais médire. » 38<br />
La seule mention de diffamation fait référence au libelle diffamatoire, qui n’est autre qu’une calomnie<br />
écrite. En effet, le « libelle diffamatoire est un livre, écrit ou chanson, soit imprimé ou manuscrit, fait &<br />
répandu dans le public exprès pour attaquer l’honneur & la réputation de quelqu’un. » 39 La différence réside<br />
dans le fait que la notion de réalité de l’accusation ne soit pas mentionnée, contrairement à la calomnie.<br />
Cette notion de vérité figure d’ailleurs dans l’article 370 du code pénal de 1810, qui précise que<br />
: « lorsque le fait imputé sera légalement prouvé vrai, l’auteur de l’imputation sera à l’abri de toute peine. » 40 .<br />
36<br />
DIDEROT Denis et LE ROND D'ALEMBERT Jean, Calomnie. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et<br />
des métiers, 1751-1765. Tome 2, PP. 563-564. Consultable en ligne :<br />
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/CALOMNIE<br />
37<br />
Ibid.<br />
38<br />
Ibid.<br />
39<br />
DIDEROT Denis et LE ROND D'ALEMBERT Jean, Libelle. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des<br />
métiers, 1751-1765. Tome 9, PP. 459-460. Consultable en ligne :<br />
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/LIBELLE<br />
40<br />
BERTHELOT Marcelin et une société de savants et de gens de lettres, Calomnie. La grande encyclopédie inventaire raisonné<br />
des sciences, des lettres et des arts, en 31 volumes, 1885-1902. Volume 8, PP. 962-964. Consultable en ligne :<br />
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k246438/f970.image<br />
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