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MÉMOIRE - Laure Botella

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« INJURE, s. f. (Jurisprud.) dans une signification étendue se prend pour tout ce qui est fait<br />

pour nuire à un tiers contre le droit & l’équité : quidquid factum injuriâ, quasi non jure<br />

factum ; c’est en ce sens aussi qu’on dit, volenti non fit injuria. »<br />

Il y avait alors trois manières de commettre une injure : « par paroles, par écrit ou par effet » 23 , c’est à<br />

dire :<br />

- une injure orale, qu’elle se fasse en la présence de l’injurié·e ou non, par chansons<br />

considérées comme outrageantes ou encore par menaces envers sa personne, ses<br />

biens ou son honneur ;<br />

- une injure écrite, qu’il s’agisse d’une composition ou d’une chanson, d’un poème ou<br />

d’un libelle diffamatoire 24 . Peuvent être poursuivis aussi bien l’auteur·trice que<br />

l’imprimeur·se ;<br />

- une injure physique, « par gestes & autres actions, sans frapper la personne & sans lui<br />

toucher ; ou bien en la frappant de soufflets, de coups de poings ou de piés, de coups de bâton<br />

ou d’épée, ou autrement. » 25<br />

Concernant l’injure par effet, il est bon de noter qu’il ne s’agissait pas que d’un geste violent à l’égard<br />

d’une personne. L’encyclopédie cite l’exemple d’un « jeune homme ayant (…) montré son derriere à un<br />

juge de village qui tenoit l’audience, le juge en dressa procès-verbal & decréta le délinquant, lequel fut<br />

condamné à demander pardon au juge étant à genoux, l’audience tenante, & à payer une aumône<br />

considérable, applicable aux réparations de l’auditoire » 26 . Ainsi, montrer une partie de son corps pouvait<br />

être considéré comme une injure. De la même façon, un déguisement pouvait être perçu comme tel. Il<br />

était de ce fait interdit « aux comédiens & à toutes autres personnes dans les bals, de se servir d’habits<br />

ecclésiastiques ou religieux, parce que cela tourneroit au mépris des personnes de cet état & des<br />

cérémonies de l’Eglise » 27 .<br />

Bien entendu, il y avait plusieurs circonstances aggravantes à l’injure, qui était alors considérée<br />

comme une injure « atroce ». Il s’agissait, dans le cas d’une injure physique, que la victime se retrouve<br />

grièvement blessée ou que le visage ait été attaqué. De la même façon, le lieu où avait été faite ou dite<br />

l’injure importait, et était beaucoup plus grave « dans les églises, dans les palais des princes, dans la salle<br />

de l’audience, & surtout si l’offensé étoit en fonction » 28 . Tout comme la fonction de la personne injuriée.<br />

23<br />

Ibid.<br />

24<br />

NDLR : Voir partie II.1.b.<br />

25<br />

DIDEROT Denis et LE ROND D'ALEMBERT Jean, Injure. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des<br />

métiers, 1751-1765. Tome 8, PP. 752-754. Consultable en ligne :<br />

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/INJURE<br />

26<br />

Ibid.<br />

27<br />

Ibid.<br />

28<br />

Ibid.<br />

15

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