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MÉMOIRE - Laure Botella

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encyclopédique et une définition juridique. Si la calomnie concerne obligatoirement des dires ou écrits<br />

qui s’avèrent inexacts ou faux, ce n’est pas nécessairement le cas pour la diffamation.<br />

En effet, en 1819, la diffamation est définie par la loi sur les délits de presse de la façon suivante :<br />

« Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération<br />

de la personne ou du corps auquel le fait est réputé est une diffamation. » 54<br />

Ainsi, la notion de vérité n’entrait pas forcément en ligne de compte. Cette définition a fait d’ailleurs<br />

l’objet de nombreuses critiques, puisqu’elle consistait également à punir la médisance, même si cette<br />

dernière était basée sur des faits réels. Seule la volonté de nuire ou de porter atteinte à l’honneur de<br />

la personne était prise en compte. De plus, il était interdit en procès de prouver la véracité des<br />

accusations, ceci pouvant entrainer une plus grande publicité néfaste à l’honneur de la personne<br />

diffamée et induire un scandale qui pourrait être à l’origine d’un désordre public 55 .<br />

C’est dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, par ses articles 30 et 31, que la notion de<br />

vérité réapparait, mais uniquement lorsque la diffamation porte sur des personnes publiques, lorsque<br />

les faits « sont relatifs à leurs qualités ou à leurs fonctions » 56 .<br />

C’est avec l’arrêt de la Chambre Criminelle du 12 octobre 1954, que la possibilité de démontrer la vérité<br />

du fait imputé sera possible pour tout·e citoyen·ne. En effet, la Chambre Criminelle a « clairement<br />

affirmé que les dispositions de l’article 35 "ont une portée générale" et "autorisent la preuve de la vérité des<br />

faits diffamatoires dans toutes circonstances et à l’égard de toute personne, n’exceptant seulement que les<br />

cas limitativement énumérés" » 57 .<br />

Par conséquent, aujourd’hui, selon le site Service Public, « la diffamation est une fausse accusation qui<br />

porte atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne » 58 . Nous constatons donc que cette<br />

définition correspond, presqu’au mot près, à celle de la calomnie utilisée jusqu’en 1819.<br />

54<br />

BERTHELOT Marcelin et une société de savants et de gens de lettres, Diffamation. La grande encyclopédie inventaire<br />

raisonné des sciences, des lettres et des arts, en 31 volumes, 1885-1902. Volume 14, PP. 526-528. Consultable en ligne :<br />

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24649b/f534.image<br />

55<br />

Ibid.<br />

56<br />

Ibid.<br />

57<br />

MENOTTI Sylvie, La preuve de la vérité du fait diffamatoire, In Cours de cassation. Rapport annuel. 2004. [consulté le 3<br />

août 2017] Disponible sur :<br />

https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2004_173/deuxieme_partie_tudes_documents<br />

_176/tudes_theme_verite_178/fait_diffamatoire_6395.html<br />

58<br />

Diffamation, In Service Public. [consulté le 15 juillet 2017] Disponible sur : https://www.servicepublic.fr/particuliers/vosdroits/F32079<br />

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