MÉMOIRE - Laure Botella

les hommes perdront la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront
plus que des objets de volupté stérile. »
Comme nous pouvons le constater, aucune critique personnelle n’est faite à l’encontre de Lucien
Neuwirth dans cette intervention parlementaire. Pire encore, c’est la femme qui est critiquée, parce
que, selon ce député, avoir accès à la contraception aurait des conséquences sur la virilité
masculine. De plus, ce député affirma alors que, ne risquant plus de tomber enceinte durant un
rapport, les femmes risqueraient alors d’avoir une sexualité plus libérée. Ainsi, alors que Lucien
Neuwirth défend une loi de libération féminine, c’est la femme qui est cible de critiques, et non
l’auteur de cette loi.
Cependant, il est à noter que tenir ce débat impactera sa fille, alors scolarisée en école privée. Des
parents d’élèves ont demandé à ce qu’elle soit retirée de l’institution, ce qui arriva. Mais, si cela a
eu un impact sur sa vie personnelle, nous pouvons supposer que cela aurait eu lieu, qu’importe le
député présentant la loi. C’était alors le député, qui était attaqué, et non l’homme.
Si Lucien Neuwirth subit des injures, cela n’ira pas vraiment plus loin que des surnoms tels que «
Lulu la pilule » ou de « l'immaculée contraception » 101 , quand, pour Simone Veil, son histoire
personnelle fut mise en avant. En effet, alors que celle-ci fut insultée de nazie, que certains députés
comparèrent l’avortement aux chambres à gaz, aucune mention de la guerre, ni de son histoire
personnelle, du fait qu’il ait été exécuté et miraculé, ne fut faite par l’opposition envers Lucien
Neuwirth.
La preuve, peut-être, que le traitement reste différent lorsqu’il s’agit d’un homme que lorsqu’il
s’agit d’une femme. La vie personnelle, les injures sexistes et misogynes sont privilégiées lorsqu’il
s’agit d’attaquer une femme politique. Quand les critiques et injures faites à un homme politique,
sont finalement adressées envers le dirigeant et sa politique, qu’importent son histoire et sa vie
personnelle.
2. Edith Cresson, « la Pompadour de Mitterrand »
Le 11 mars 1983, dans un article du Monde, Françoise Giroud disait « La femme serait vraiment l’égale
de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ». Et l’ensemble
des interviewé·e·s, qui ont travaillé au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, nous ont dit que
101
Ibid.
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