MÉMOIRE - Laure Botella
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
de l’information à l’heure des réseaux sociaux numériques et de sa crédibilité, lorsque certain·e·s<br />
journalistes basent leurs articles sur les sujets « tendances » au risque de relayer de fausses<br />
informations.<br />
I. Internet : un média indispensable à l’extrême droite<br />
« J’ai réussi à convaincre Jean-Marie Le Pen sans difficulté car il a toujours cherché les moyens de<br />
communiquer directement avec le peuple. », confie Arnaud Soyez, militant frontiste, à Dominique<br />
Albertini et David Doucet pour leur livre « La Fachosphère. Comment l'extrême droite remporte la<br />
bataille d'Internet » 116 . Il nous parle du début des années 1990, alors que la très grande majorité des<br />
français·es n’ont pas encore entendu parler d’internet. Nous verrons ainsi qu’internet est entré dans<br />
la stratégie globale de communication du Front national, d’abord par nécessité, puis comment<br />
l’extrême droite s’est emparée de cet outil, au point d’en maîtriser tous les codes, voire de les créer.<br />
1. Le Front national : premier parti à avoir utilisé internet dans sa communication<br />
Durant la campagne présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise ont été<br />
loués pour leur innovation : hologramme, chaîne YouTube avec une vidéo par semaine, création d’un<br />
jeu vidéo par les militants, etc. Cependant, comme le montrent Dominique Albertini et David Doucet<br />
dans « La Fachosphère, comment l’extrême droite remporte la bataille du net », la France<br />
Insoumise n’a rien inventé (à l’exception peut-être de l’utilisation d’hologrammes). Une nécessité<br />
pour un Front national qui n’a que peu accès aux médias traditionnels, et qui saura s’adapter et<br />
utiliser les innovations technologiques à son avantage.<br />
a. S’exprimer en dehors des médias traditionnels : une nécessité pour l’extrême droite<br />
Les réglementations sur le temps de parole et le pluralisme ont évolué au fil des décennies. Avant<br />
les années 2000, la règle des « trois tiers » s’appliquait hors période électorale officielle. Il s’agissait<br />
d’une répartition du temps de parole entre un tiers pour le gouvernement, un tiers pour la majorité<br />
parlementaire et un tiers pour l’opposition parlementaire. Mais un dossier du Conseil supérieur de<br />
l’audiovisuel (CSA) nous indique qu’il était très compliqué de respecter cette règle. Ainsi, entre 1989<br />
et 1999, le temps de parole était réparti de la façon suivante 117 : « 34 % pour le gouvernement, 26 %<br />
pour la majorité et 38 % pour l'opposition » soit un « constant décalage entre l'objectif théorique des<br />
116<br />
ALBERTINI Dominique et DOUCET David, La Fachosphère. Comment l'extrême droite remporte la bataille d'Internet.,<br />
Flammarion, 2016, 299 pages. P. 62<br />
117<br />
CSA, Réflexion sur les modalités du Pluralisme, CSA [en ligne] 2 août 2006 [consulté le 3 septembre 2017]. Disponible<br />
sur : http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-dossiers-d-actualite/Reflexions-sur-les-modalites-du-pluralisme<br />
44