Qualité Références n° 76

Lean Green pour une qualité rentable
LES OUTILS DE LA QUALITÉ
De surcroît, cette attente mécontente aussi
nombre de clients qui s’impatientent et abandonnent
leurs achats en magasin.
Au-delà de l’insatisfaction client, du niveau
trop élevé des temps de réponse, de l’impact
économique, de l’empreinte environnementale
de cette attente de 12 secondes est évaluée
à 2 millions de litres d’eau et 91 130 tonnes
équivalent CO 2
sur un an. Cela correspond
approximativement à l’impact environnemental
d’un datacenter de 100 000 m 2 .
Un paradoxe encore largement répandu sur
le digital, est que le fait de dématérialiser l’information,
de la stocker dans le « cloud » et
d’imprimer moins de papier réduit considérablement
l’impact environnemental. Selon
le benchmark Green IT, l’empreinte numérique
annuelle d’un salarié en 2017 représente
l’équivalent de 880 packs d’eau de 6 litres, de
80 ampoules de 25 W allumées 220 jours x
8 heures et d’un trajet en voiture de Paris à
Bucarest (2400 kms).
Pour diminuer les temps de réponse excessifs
observés sur le système d’information de
ce distributeur, l’une des solutions aurait été
d’engager une course à la puissance de calcul
et à la taille mémoire en investissant dans des
serveurs octocœurs. Cela aurait eu pour effet
immédiat d’augmenter d’autant son empreinte
environnementale.
Cette option n’est pas acceptable au regard
du prisme Lean Green. En effet, la démarche
vise l’amélioration concomitante de la performance
des temps de réponse conformes aux
attentes client et utilisateur, le retour sur investissement,
et la réduction d’empreinte environnementale.
Aucun des progrès sur un axe
de performance ne doit se faire au détriment
d’un autre.
Une analyse des lignes de code du programme
a permis de déceler des anomalies de qualité
dans l’écriture des requêtes SQL9. L’optimisation
des requêtes SQL a nécessité une prestation
de 4 mois homme, à l’issue de laquelle
non seulement la qualité de la programmation
a progressé par la mise en place de standards
de travail par l’équipe de développement
9 Structured Query Language : langage de
programmation permettant d’interroger
des bases de données.
informatique. Les temps de réponse ont été
divisés par 2, avec un ROI en une semaine
mais aussi en divisant par deux l’empreinte
carbone et l’empreinte hydrique.
Faire de la qualité, c’est aussi bon pour l’environnement.
La composante éco-responsable du Lean
Green rassemble autour de nouvelles valeurs
et perspectives au-delà des limites de l’entreprise.
Ce cercle vertueux implique durablement
l’ensemble de l’équipe. Appliquée au
quotidien, la démarche s’avère aussi vivante
et appropriée pour motiver les collaborateurs.
Le Lean Green fédère autour de la protection
de l’environnement au même titre que
les progrès en matière de prévention et de
protection en santé et en sécurité. Il invite
ainsi la réflexion, à changer nos comportements
et à innover ensemble pour diminuer
durablement notre impact environnemental.
« La composante éco-responsable
du Lean Green rassemble
autour de nouvelles valeurs et
perspectives au-delà des limites de
l’entreprise. »
Q.R : En quoi le Lean Green permet-il une
qualité rentable ?
E. N. : Le Lean Green repose sur la production
exacte de ce que le client demande, au
niveau de qualité attendu, au moment voulu,
à l’endroit désiré et au prix convenu tout en
minimisant les impacts environnementaux.
Pour y parvenir, cette approche recherche en
permanence la perfection en éliminant : tout
ce qui n’apporte pas de valeur au client, tout
ce qui dégrade l’environnement.
Bien comprendre le flux de création de valeur
et supprimer les sources d’inefficacité permet
d’accroitre à la fois la qualité produite et la
productivité en éliminant progressivement les
gaspillages. Aussi, le Lean définit sept types
d’activités sans valeur ajoutée ou de gaspillages
(sept MUDAS en japonais) : surproduction,
stocks inutiles, transports inutiles, retouches
et corrections, attentes, processus ou gestes
inutiles, déplacements inutiles.
Ces gaspillages engendrent des coûts inutiles
et détériorent la qualité du produit.
De plus, le Lean Green identifie les impacts
écologiques et améliore les flux de valeur
environnementaux. Dans cette perspective,
la démarche vise non seulement l’élimination
des sept gaspillages mais aussi la suppression
des sept flux participants à la destruction de
l’environnement :
• La surutilisation de ressources naturelles,
• La surconsommation d’eau,
• La production déchets non recyclables,
• La consommation d’énergie non renouvelable,
• L’émissions de CO2 ou de gaz participant
au réchauffement climatique,
• Les rejets polluants toxiques dans l’atmosphère,
• Les effluents liquides polluants et
toxiques.
Par cette démarche de recherche permanente
de l’excellence opérationnelle fondée
sur la suppression progressive de toutes les
sources d’inefficacité, la qualité devient à
la fois profitable et durable. Elle permet de
produire au juste coût en maximisant la
productivité et en minimisant l’utilisation
de ressources et d’énergie et les émissions
et rejets polluants.
En satisfaisant les clients, le volume de vente
croit et les approvisionnements en ressources
et énergie restent aussi durablement sécurisés.
La qualité reste alors rentable pour le bien-être
de l’entreprise, pour le bien-être de la planète
et pour le bien-être des humains.
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°76 • Février-Mars 2018 I53