AUTOINSIDE Édition 12 – Décembre 2020

JOURNÉE DES GARAGISTES SUISSES
Entretien avec Marc Weber, directeur général du garage Ausee
Une branche
toujours aussi fascinante
Marc Weber dirige en troisième génération le garage Ausee situé à Au-Wädenswil, au bord du lac de Zurich.
Cet employé de commerce de formation, de 47 ans, discute avec AUTOINSIDE des défis passés, actuels et futurs,
un thème qui sera également abordé lors de la Journée des garagistes suisses. André Bissegger
Marc Weber. Source : Ausee-Garage
Monsieur Weber, le garage Ausee existe
depuis près de 100 ans et emploie actuellement
plus de 50 collaborateurs. Quel est
le secret d’une réussite aussi pérenne ? De
quoi êtes-vous particulièrement fier ?
Marc Weber : Mon grand-père a jeté la première
pierre et nous essayons de faire vivre
ses idées, par exemple en prenant soin de
nos collaborateurs et en misant sur les partenariats
à long terme. Nous nous définissons
comme un employeur loyal, ouvert aux préoccupations,
y compris personnelles, de ses collaborateurs.
Nous faisons également preuve
de loyauté vis-à-vis de nos clients en leur offrant
des prestations de qualité à des prix
équitables. En retour, ils se montrent loyaux
envers nous. Il est important de rester mesuré
et de toujours réinvestir l’argent gagné. Et il y
a également une part de chance : beaucoup de
choses sont liées à la marque.
Comme vous l’avez indiqué, les collaborateurs
fidèles et performants sont la clé
de la réussite. Mais il n’est pas simple de recruter
des collaborateurs qualifiés et de les
conserver au sein de l’entreprise. Comment
procédez-vous ?
Nous formons d’une part nous-mêmes de
nombreux apprentis et essayons par ailleurs
de traiter nos collaborateurs d’égal à égal.
Chez nous, l’ambiance est familiale et nous
prenons soin les uns des autres. Plus l’approche
est personnelle, plus la collaboration est basée
sur la confiance. Nous n’offrons peut-être
pas les meilleurs salaires par rapport aux
autres, mais les collaborateurs n’ont pas de
souci à se faire si le résultat d’une année est
moins bon : nous conservons notre personnel.
Beaucoup de nos employés sont là depuis
des années et certains ont même travaillé
avec mon père.
L’autre aspect clé que vous avez évoqué est
la fidélité des clients. Comment réussissez-vous
à bâtir une relation de confiance
avec eux ?
Nous restons fidèles aux valeurs que notre
père nous a enseignées : l’honnêteté et la
transparence. Nous sommes une entreprise
familiale et agissons dans ce sens : les clients
nous connaissent, nous sommes proches
d’eux. Notre responsable après-vente et moimême
sommes chaque jour sur place. En cas
de problème, nos clients savent qu’ils peuvent
toujours m’en parler directement.
Vous représentez les marques Jaguar, Land
Rover, Lexus, Seat, Skoda, Suzuki et Toyota.
Quels sont les avantages d’un garage multimarque
?
C’est un équilibre difficile à trouver. Le grand
avantage réside bien entendu dans la diversité
des modèles et la faible dépendance à l’égard
d’un seul constructeur. Dans le même temps,
il faut disposer de l’infrastructure nécessaire,
et donc d’une certaine envergure. Multiplier
les marques ne veut en outre pas forcément
dire augmenter le volume, car il existe une
forme de cannibalisation au sein de l’entreprise.
Un trop grand nombre de marques nuit
par ailleurs à la crédibilité.
Quels sont les défis à relever ?
Le défi majeur est de répondre aux différentes
normes. Chez nous, chaque marque a
son propre showroom et ses propres interlocuteurs.
Cet aspect est impératif, d’une part,
pour nous en interne du point de vue des processus
et du savoir-faire et, d’autre part, pour
les constructeurs. La diversité des marques
génère une concurrence interne positive : chacun
est fier de « sa marque » et cherche à se
distinguer.
Vous représentez la troisième génération
du garage Ausee. Comment s’est passé le
passage de relais ?
La transition s’est passée sans problème et de
manière très fluide, sans date préalablement
fixée. J’ai progressivement pris en charge des
tâches de plus en plus nombreuses et suis
désormais seul responsable depuis trois ou
quatre ans. Mais mon père est encore présent
aujourd’hui, et vient par exemple saluer
des connaissances lors d’expositions. Pour
que la transition fonctionne, les deux parties
doivent se respecter et accepter la manière
dont l’autre travaille et relève les défis. L’objectif
n’est pas d’effectuer un virage à 180 degrés
immédiatement après le changement.
Mais on peut adapter les processus à l’époque
moderne.
80 Décembre 2020 | AUTOINSIDE