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Dan DANA, Sorin NEMETI
Dans une première phase, les deux éditeurs qui ont reconnu ce
toponyme dans la dédicace fragmentaire ont été séduits par une explication
et par une étymologie celtiques, les parallèles donnés provenant
du recueil ancien d’Alfred Holder (Alt-Celtischer Sprachschatz) 9 .
Or, une telle explication est hautement improbable, aussi bien par la
superficialité des analogies formelles 10 , que, et surtout, après une
analyse attentive de la tradition manuscrite de l’ouvrage de Ptolémée 11 .
Car, si l’on se tourne vers la transmission textuelle, l’ancienne
graphie consacrée ne manque pas de susciter de doutes. Dans les éditions
dépassées de F. W. Wilberg et de C. F. A. Nobbe, ainsi que dans
l’édition de référence de Carl Müller 12 , le toponyme est donné sous la
forme jArkobavdara/Arcobadara, d’après plusieurs manuscrits; pourtant,
Müller précise dans l’apparat critique que le ms. X comporte la forme
9 S. Nemeti, M. Bărbulescu, Territorium Arcobadarense [n. 5], 111-112; Iidem,
Arcobadara [n. 5], 107-109. Le toponyme était déjà considéré comme celtique par
G. Cousin, Additions au "Alt-Celtischer Sprachschatz" d’A. Holder, dans Idem,
Études de géographie ancienne, Paris-Nancy, 1906, 359 (critiqué à juste titre par
Alexander Falileyev, dans son livre Celtic Balkans, sous presse, s.v. Arcuna).
10 Il est intéressant de noter que le récent recueil maximaliste d’A. Falileyev
(Celtic Dacia: Personal Names, Place-Names and Ethnic Names of Celtic Origin in
Dacia and Scythia Minor, Aberystwyth, 2007) ne mentionne jamais Arcobadara
comme possible toponyme celtique. D’autres rapprochements, certes fortuits, seraient,
en Lusitanie, Arcobriga (Pline l’Ancien, NH 4.113; Appien, Hisp. 75) et Talabara
(CIL II 453).
11 Des réserves, et l’hypothèse d’une forme corrompue à partir d’*Arcobara,
sont déjà formulées à la page 452 et dans les notes 30-31 de l’étude Arcobadara
[n. 5].
12 F. W. Wilberg, Claudii Ptolemaei Geographiae libri octo, I, Essen, 1838,
207; C. F. A. Nobbe, Claudii Ptolemaei Geographia, I, Leipzig, 1843, 179; C. Müller,
Claudii Ptolemaei Geographia, I, Paris, 1883, 445. Cette forme a été depuis retenue,
avec des localisations approximatives dans les rares références modernes, par
exemple W. Tomaschek, Die alten Thraker. Eine ethnologische Untersuchung, Vienne,
1894 (réimpr. Vienne, 1980), II, 54 ( jArko-bavdara); Idem, s.v. Arkobadara, RE,
II.1, 1895, 1170; D. Detschew, Die thrakischen Sprachreste, Vienne, 1957 (réimpr.
1976), 25 ( jArko-bavdara); Fontes ad historiam Dacoromaniae pertinentes. Izvoare
privind istoria Romîniei, I, Bucarest, 1964, 544-545 (Arcobadara); A. Vulpe, s.v.
Arcobadara, dans D. M. Pippidi (éd.), Dicţionar de istorie veche a României (roum.:
Dictionnaire d’histoire ancienne de la Roumanie), Bucarest, 1976, 42; V. I. Georgiev,
Thrakische und dakische Namenkunde, ANRW, II.29.2, 1983, 1210 (toponyme
suffixé); M. Zahariade, s.v. Arcobadara, dans Idem (éd.), Lexicon of the Greek and
Roman Cities and Place Names in Antiquity ca. 1500 B.C.-ca. A.D. 500, fasc. 6,
Amsterdam, 2002, 837.