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Sabine ARMANI
I/ Auunculus et matertera: frère et sœur de la mère?
a/ Un oncle nommé auunculus
Le terme désigne en latin classique l’oncle maternel 10 . Le mot
entre d’ailleurs dans la composition de l’expression «relation avonculaire»
bien connue des anthropologues qui l’ont forgée pour qualifier
une relation privilégiée unissant dans certaines sociétés l’oncle maternel
et son neveu 11 . Dans le monde romain, sur l’ensemble des attestations
recensées de l’emploi du terme auunculus, quelques-unes
révèlent cependant des cas d’homonymie entre oncle et neveu. Comme
on l’a déjà rappelé, dans les sociétés où la transmission des noms se
fait normalement par les pères, comme à Rome, cet usage renvoie a
priori à une relation de parenté en ligne paternelle. Mais l’homonymie
peut être la conséquence d’une procédure d’affranchissement dont
ont bénéficié plusieurs membres d’une même famille (n°1) 12 . Un certain
nombre d’épitaphes issues du monde militaire suggère qu’auunculus
a pu être utilisé, à la place de patruus, pour désigner l’oncle paternel
13 . Ce peut être le signe d’une latinisation fragile de ces milieux
et de l’évolution du vocabulaire vers une simplification à tendance
classificatoire. Cependant, on ne peut pas non plus exclure que la fréquence
de l’homonymie entre l’auunculus et son neveu, parfois à des
époques relativement tardives (II e -III e siècles d’après les formulaires),
témoigne aussi de formes de reproduction sociale liées au recrutement
militaire 14 . La banalité des gentilices surtout impériaux
(Iulius, Vlpius et Aurelius) suggère surtout que l’on a vraisemblablement
10 OLD, 221: «A mother’s brother, maternal uncle». L’identification est telle
que l’auunculus devient, dans la littérature romaine, la figure par excellence de l’oncle
indulgent qui s’oppose à son symétrique, le patruus, qui incarne au contraire
l’oncle sévère, soucieux de la défense des intérêts de la familia: voir M. Bettini, Antropologia
e cultura romana. Parentela, tempo, immagini dell’anima, Rome, 1988
(2 e ed.), 68-76. Voir aussi E. Benvéniste, Vocabulaire des instititions indo-européennes,
Paris, 1969, 203-276.
11 A. Burguière, Ch. Klapisch-Zuber, M. Segalen, F. Zonabend (dir.), Histoire
de la famille, I. Mondes lointains, Paris, 1994, 39.
12 Le cas n’est pas isolé : cf. les Pompeii d’Oliva (HEp, 5, 809).
13 Une première liste est fournie par M. Corbier, op. cit., 111. Voir n° 5 de
notre liste.
14 N os 2, 4, 6-8, 11 de notre corpus.