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L’ADOPTION DE LA TACTIQUE MANIPULAIRE
privilégiant une source particulière. Selon Tite-Live, qui relie l’établissement
du stipendium à l’adoption du scutum, le dispositif manipulaire
commencerait à être installé au début du IV e siècle, au moment
du siège de Véies, et pourrait ainsi être rattaché à la figure de Camille.
Cette hypothèse n’est toutefois plus vraiment retenue parmi la majorité
des chercheurs 3 . En revanche, la thèse selon laquelle l’adoption
de cette nouvelle tactique serait liée à la nécessité de faire face au péril
gaulois, comme l’affirment Plutarque et Denys, recueille davantage
de suffrages 4 . Les Romains, confrontés à un peuple qui attaque avec
3 Tite-Live, VIII, 8, 3. L’excursus du livre VIII de Tite-Live, qualifié d’«enfant
terrible» de la littérature scientifique (J. Kromayer et G. Veith, Heerwesen und
Kriegführung der Griechen und Römer, Munich, 1928, 365), a suscité d’innombrables
commentaires afin de concilier les données contradictoires fournies par l’historien
romain. Dans cette littérature foisonnante, on peut retenir: J. Marquardt, De l’organisation
militaire chez les Romains, Paris, 1891, 360-363; H. Delbrück, op. cit.,
290-294; E. Meyer, Das römische manipularheer, seine Entwicklung und seine
Vorstufen, in Kleine Schriften, t. II, Halle, 1924, 193-329, notamment 261-265 (Die
Schilderung des römischen Heeres bei Livius VIII, 8); J. Kromayer et G. Veith,
op. cit., 365-366; P. Fraccaro, Della guerra presso i Romani. Opuscula IV, Pavie,
1975, 41-64, 170-190 et 287-306; A. J. Toynbee, Hannibal’s Legacy. The Hannibalic
War’s Effects on Roman Life, Oxford, 1965, t. I, 505-518; G. V. Sumner, The Legion
and the Centuriate Organization, JRS, 60, 1970, 67-78; E. Rawson, The Literary
Sources for the Pre-Marian Army, PBSR, 39, 1971, 13-31; C. Saulnier, L’Armée et
la guerre dans le monde étrusco-romain, VIII e -IV e s., Paris, 1980, 121-137; A.-
M. Adam et A. Rouveret (éd.), Guerre et sociétés en Italie aux V e et IV e siècles avant
J.-C. Les indices fournis par l’armement et les techniques de combat, Paris, 1986;
R. Bloch et C. Guittard (éd.), TITE-LIVE, t. VIII, Paris, 1987, LXXXVIII-CXXI; S. P. Oakley,
A Commentary on Livy. Books VII-VIII, Oxford, 1998, 451-475. Actuellement, un
relatif consensus s’est établi sur le fait que, d’origine antiquaire ou annalistique
(A. Klotz, Livius und seiner Vorgänger, Leipzig, 1940-1941, 203; E. Rawson, op. cit.,
29; C. Saulnier, op. cit., 139 sq.), la notice est plus un amalgame d’éléments hétérogènes
qu’un tableau d’ensemble d’une hypothétique réforme manipulaire.
4 Plutarque, Cam., 40, 3-4; Denys d’Halicarnasse, AR, XIV, 9-10; Polyen,
VIII, 7, 2. Voir par exemple T. Mommsen, Histoire romaine, Paris, 1882, t. II, 132
(qui affiche cependant son scepticisme quant aux diverses traditions d’emprunt
d’armement); E. et F. Lammert, Schlachtordnung, RE, II A, 1 (1921), col. 484; M. Marín
y Peña, Instituciones militares Romanas, Madrid, 1956, 285; J. E. Lendon, Soldats
et Fantômes. Combattre pendant l’Antiquité, Paris, 2009 (2005 pour l’édition américaine),
261; P. Fraccaro, op. cit., 58-59; M. J. C. Miller, The principes and the
So-called Camillan Reforms, AncW, 23 (2), 1992, 59-70; A.-M. Adam, Emprunts et
échanges de certains types d’armement entre l’Italie et le monde non-méditerranéen
aux V e et IV e siècles avant J.-C., in A.-M. Adam et A. Rouveret (éd.), op. cit.,
19-28, notamment p. 27.
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