R Classica&Christiana _nr7_2_2012_curbe - Facultatea de Istorie ...
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Xavier LAPRAY<br />
d’un intérêt bien connu pour la tactique, il lui arrive à plusieurs reprises<br />
dans son œuvre <strong>de</strong> pêcher par anachronisme sur ce chapitre.<br />
C’est ainsi qu’au livre XII <strong>de</strong> son ouvrage, lorsqu’il entreprend <strong>de</strong> critiquer<br />
longuement la manière dont Callisthène décrit le dispositif<br />
adopté lors <strong>de</strong> la bataille d’Issos, il commet l’erreur <strong>de</strong> juger cette<br />
<strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la phalange macédonienne en fonction <strong>de</strong>s paramètres<br />
<strong>de</strong> son temps alors que ceux-ci diffèrent beaucoup <strong>de</strong> ceux qui avaient<br />
cours au temps d’Alexandre 50 . De même, s’agissant du tableau <strong>de</strong> l’armée<br />
romaine qu’il brosse dans le livre VI, plusieurs aspects peuvent<br />
difficilement correspondre à l’époque où il écrit, s’agissant notam-<br />
tarchs in <strong>de</strong>n Biographieen <strong>de</strong>r Römer. Neu Untersucht, Halle, 1865, 51-57). La<br />
<strong>de</strong>uxième tradition date justement <strong>de</strong> cette époque et fait porter l’accent sur sa témérité.<br />
Elle est sûrement le fait <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong>s Scipion, relayé par Polybe, car<br />
elle attribue au futur vainqueur <strong>de</strong> Zama le regroupement <strong>de</strong>s rescapés après la bataille<br />
et exalte Paul-Émile. Or, l’alliance entre les Aemilii Paulli et les Cornelii Scipiones<br />
n’est intervenue qu’au II e siècle, d’autant que cette tradition fait silence sur Fabius<br />
Maximus. Cette tradition, qu’on peut lire chez Polybe, aurait également, selon<br />
G. Zecchini, inspiré Appien, par une source intermédiaire, mais Klotz nie tout lien<br />
entre Polybe et Appien. Enfin, une troisième tradition, qu’on peut lire essentiellement<br />
chez Valère Maxime et Frontin, est d’orientation plus favorable à Varron, cherchant<br />
à souligner la constantia et la mo<strong>de</strong>stia du consul malheureux, en développant les<br />
motifs concernant sa conduite après la bataille. Le fait qu’elle prenne sans hésitation<br />
à sa charge l’accusation d’impiété et la responsabilité du consul dans la défaite<br />
pour mieux souligner la vertu <strong>de</strong> sa conduite après la bataille prouverait le caractère<br />
tardif <strong>de</strong> ce que Zecchini nomme une «réaction philovarronienne». W. Will<br />
(art. cit., 182) estime aussi que les tentatives <strong>de</strong> réhabilitation du général relèvent<br />
d’un phénomène plus tardif, même si, à l’inverse <strong>de</strong> Zecchini, il i<strong>de</strong>ntifie presque<br />
complètement Polybe à Fabius Pictor.<br />
50 La critique <strong>de</strong> Polybe porte sur les incohérences relatives à la topographie<br />
et aux effectifs, calculés en fonction <strong>de</strong> la longueur <strong>de</strong>s rangs et <strong>de</strong>s intervalles<br />
entre soldats; à l’issue <strong>de</strong> ses calculs, Polybe conclut à l’impossibilité matérielle <strong>de</strong>s<br />
opérations rapportées par Callisthène (XII, 19, 7; 20, 2). Or cette critique n’est ellemême<br />
pas exempte <strong>de</strong> faiblesses. P. Pé<strong>de</strong>ch remarque dans son édition du livre XII<br />
(Paris, CUF, 1961, 114-115) que l’historien grec «se représente la phalange d’Alexandre<br />
et son emploi à la manière <strong>de</strong> son temps». K. Meister estime d’ailleurs que<br />
la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> Callisthène ne mérite pas la sévérité polybienne (Historische Kritik<br />
bei Polybios, Wiesba<strong>de</strong>n, 1975, 81-91) laquelle doit en outre être replacée dans le<br />
contexte polémique du livre XII (voir notamment F. W. Walbank, Polemic in Polybius,<br />
JRS, 52, 1962, 1-12; G. Schepens, Polemic and Methodology in Polybius’ Book<br />
XII et T. Wie<strong>de</strong>mann, Rhetoric in Polybius, in H. Verdin, G. Schepens et E. De Keyser<br />
(éd.), Purposes of History. Studies in Greek Historiography from the 4th to the<br />
2nd centuries BC Proceedings of the International Colloquium, Leuven, 24-26<br />
May 1988, Louvain, 1990, 39-62 et 289-300).