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R Classica&Christiana _nr7_2_2012_curbe - Facultatea de Istorie ...

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L’ADOPTION DE LA TACTIQUE MANIPULAIRE<br />

lution qu’on vient <strong>de</strong> souligner – les armées romaines, constamment<br />

défaites par Hannibal, pour <strong>de</strong>s raisons tactiques, jusqu’à la bataille<br />

<strong>de</strong> Cannes, se mettent progressivement à l’emporter –, ils acquièrent<br />

plus <strong>de</strong> consistance et surtout prennent sens. Le caractère progressif<br />

et collectif <strong>de</strong> ces changements paraît d’ailleurs confirmé par le fait<br />

que ce n’est pas seulement sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Scipion que les Romains<br />

l’emportent – la bataille du Métaure est là pour l’attester – ce qui<br />

éloigne encore une fois l’idée d’une figure tutélaire associée à <strong>de</strong>s modifications<br />

militaires majeures. D’ailleurs, les progrès <strong>de</strong>s armées<br />

conduites par Scipion semblent avoir été très progressif, n’aboutissant<br />

que peu à peu à une autonomie tactique <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> bataille, désormais<br />

capables d’opérer <strong>de</strong>s manœuvres indépendantes en plein combat.<br />

C’est pourquoi l’Africain obtient certes au début <strong>de</strong> sa campagne<br />

d’Espagne <strong>de</strong>s succès, notamment lors <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Baecula, mais<br />

non décisifs puisqu’une part non négligeable <strong>de</strong> l’armée adverse parvient<br />

à s’échapper, comme Hannibal <strong>de</strong> son côté n’est parvenu au<br />

départ qu’à <strong>de</strong>s succès tactiques avant <strong>de</strong> remporter une gran<strong>de</strong> victoire<br />

stratégique à Cannes. C’est seulement au prix <strong>de</strong> perfectionnements<br />

constants que, progressivement, le général romain obtient <strong>de</strong>s<br />

victoires <strong>de</strong> plus en plus décisives, avec <strong>de</strong>struction complète du corps<br />

<strong>de</strong> bataille adverse, à Ilipa puis surtout aux Gran<strong>de</strong>s Plaines et à<br />

Zama 68 . Et c’est une armée issue <strong>de</strong> ces modifications que décrit sans<br />

doute Polybe, soixante ans plus tard, ce qui étonne peu tant on sait<br />

qu’il était proche <strong>de</strong>s Scipion et qu’il s’est notamment entretenu avec<br />

Laelius, le lieutenant <strong>de</strong> l’Africain. Aussi est-il probable que le fonctionnement<br />

<strong>de</strong> l’armée manipulaire tel que le décrit l’historien grec,<br />

au milieu du II e siècle, <strong>de</strong>vait tenir certaines <strong>de</strong> ses caractéristiques <strong>de</strong><br />

peut savoir si l’armée décrite par Polybe dans son livre VI avait cette forme lors <strong>de</strong><br />

la bataille <strong>de</strong> Cannes mais il juge la chose probable: elle ne <strong>de</strong>vait selon lui différer<br />

que sur <strong>de</strong>s détails. Les sources pour une réforme majeure <strong>de</strong> l’armée romaine<br />

après 216 ne sont à ses yeux pas convaincantes. On a taché ici <strong>de</strong> montrer que les<br />

indices étaient suffisamment nombreux et concordants pour montrer qu’elle était<br />

probable, à condition <strong>de</strong> ne pas la réduire à la simple question <strong>de</strong>s uelites, ce qui<br />

conduit Samuels à parler abusivement <strong>de</strong> la «réforme <strong>de</strong> 211» (op. cit., 11); les changements<br />

ont dû être opérés <strong>de</strong> manière beaucoup plus graduelle et ne pas porter sur<br />

la seule infanterie légère.<br />

68 Sur la «manövrirfähigkeit» <strong>de</strong> Scipion, voir notamment J. Kromayer<br />

et G. Veith, op. cit., 294-297; H. H. Scullard, Scipio Africanus. Soldier and Politician,<br />

Londres, 1970, 68-85-105 et 140 sq.; G. Brizzi, Le Guerrier <strong>de</strong> l’Antiquité classique.<br />

De l’hoplite au légionnaire, Monaco, 2004, 109 et 113-122.<br />

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