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L'ESPRIT DU SPORT
Par
PAUL VIALAR
Président des Ecrivains Sportifs de France
Je pense que la première question que l'on doit se poser lorsqu'on
se penche sur le Sport est de tenter de définir ce qu'il est exactement.
Qu'est ce donc que le Sport?
C'est, je le crois, à la fois le développement des possibilités physiques
de l'homme et ceci avec une mesure et un équilibre définis par l'intelligence
même de l'acte physique, et c'est aussi l'établissement d'un esprit.
C'est esprit - l'esprit du sport - doit être à la fois une discipline
et une morale.
Que cette morale existe, certains paraissent en douter. Ils croient
que "Sport" veut dire, avant toute chose, triomphe au cours d'une
compétition.
Certes, l'idée d'être le meilleur est une idée exaltante, mais la façon
dont celui qui doit s'incliner sait le faire et admettre sa défaite, est aussi
importante, nous le croyons, que la facile admissibilité d'une victoire,
même arrachée au prix d'efforts mettant en lumière la volonté et la
possibilité pour un être humain de se surpasser lui-même.
Chez le sportif il existe un sens moral de naissance, oserais-je dire,
j'entends un sens moral qui lui et né le jour même où il est né au Sport.
La lutte qu'il entreprend est, en effet, une lutte contre lui-même,
animée par un ardent désir d'exalter les qualités qui peuvent se trouver
en lui, mais elle est également une lutte contre des rivaux et doit être
une lutte sans haine. De ceci, au cours de bien des compétitions, (je
ne voudrais rappeler que certaines phases des Jeux Olympiques) nous
avons eu maintes preuves. Nous avons eu, il faut bien le dire également,
les preuves du contraire et, quelles que soient les qualités ou les possibilités
exceptionnelles d'un homme, nul mieux que lui ne sait à quel
point il peut se trouver à la merci d'une baisse de forme à laquelle il
ne doit, bien sûr, remédier par des moyens factices ou déloyaux. Certains
jours il ne sait plus être ce qu'il est réellement, ou bien l'âge se
fait sentir dont il n'a pas encore senti la venue et lui prouve soudain,
implacablement, qu'il n'est plus ce qu'il a été. Il y a ici une leçon aussi
importante à mes yeux qu'une victoire, et la façon dont elle est acceptée
donne pour moi la mesure exacte de l'homme, en fait à mes yeux un
sportif ou seulement un pratiquant d'exercices physiques bien plus
avide de gloire que de vraie valeur personnelle.
C'est là la morale du Sport et qui lui donne sa hauteur véritable. Par-
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