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quipes, et réalisons que le meilleur ballon d'oxygène est encore le ballon
de foot-ball.
Voici les athlètes, les coureurs. Qu'est ce que courir? C'est savoir
marcher plus vite que soi. Qu'est ce que sauter? C'est pouvoir s'élancer
au dessus de soi.
Chaque foulée vous ramène vers le sol mais, tout de même, on l'a
quitté un instant.
Regardons la cendrée de la piste. Elle est crucifiée par les pointes
des chaussons de course. Mais ces blessures là s'effacent sous la seule
caresse d'un balai de bouleau et il n'y demeure pas de cicatrices.
Courons, courons avec ceux qui courent pour nous. Souvenons
nous d'autres courses que nous avons accomplies. Les muscles font
partie du cerveau puisqu'ils se souviennent. Derniers mètres. Ce fil,
devant moi, suffit encore à me soutenir. Je m'appuie sur lui. Je le franchis.
Il tombe comme un mur et quelque chose alors semble s'écrouler,
quelque chose qui finit et qui est peut être moi. Mais quelque chose
aussitôt renait qui est sûrement moi.
Et je songe que celui qui gagne d'une poitrine, ce n'est pas toujours
que la sienne ait été, de naissance, la plus large, mais seulement parcequ'elle
contient le meilleur coeur.
Les épreuves se succèdent. Comme le mot épreuve est ici un mot
juste!
Sprint: Le meilleur de soi-même sur cent ou deux cent mètres.
Fond: Le meilleur de soi même sur cinq ou dix kilomètres.
Marathon: Le meilleur de soi-même sur quarante deux kilomètres.
Sport: Le meilleur de soi-même sur toute une existence.
Mais la piste tourne en rond: elle n'a jamais de fin. C'est pourquoi
il est nécessaire d'y marqueur les distances, de s'y assigner un but, de
doser son effort en fonction de celui-ci. C'est au but que commence le
sport. Le sport est mesure avant tout. Et sur le sautoir, la piste, sur
l'aire de lancer, il n'y a plus de système métrique, de toises ou de yards,
ce sont en définitive seuls le coeur et le corps qui mesurent les distances,
ces distances qui, à ce moment là, sont les mêmes pour tous.
J'ai été sauteur en hauteur, à une époque où l'on ignorait la technique
et où les performances que l'on accomplissait étaient telles qu'elles
feraient sourire aujourd'hui. A seize ans je sautais la hauteur de ma bouche-je
mesurais déjà, alors, un mètre quatre vingt cinq- J'ai toujours,
depuis lors, et aussi longtemps que j'ai cru pouvoir y réussir, tenté
de sauter plus haut que ma tête, plus haut que moi. Je n'y suis jamais
parvenu mais je ne regrette rien: J'ai essayé.
Ah! comme j'ai bien pris la mesure de moi-même devant ce sautoir.
J'avais un rival, alors. Sept centimètres nous séparaient que je ne rat-
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