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les numéros de la vie auxquels nous assistons chaque jour et qui nous
sont présentés sans vergogne par les truqueurs et les imposteurs. On
voudrait que, sur le stade, il en fut ainsi pour les sportifs et cela, je le
pense, est possible.
Pour le sportif intervient donc aussitôt une notion indispensable:
c'est la nécessité et l'obligation, pour le champion, d'avoir un métier
autre que le sport, qui garantira son avenir et sera la base de sa promotion
humaine et sociale.
Oui, il faut que le sportif, au moment de son épanouissement, ait
non seulement la certitude de pouvoir mener celui-ci jusqu'à son a-
pogée, mais aussi de ne pas perdre les plus belles années de sa vie à
atteindre ce but pour être ensuite rejeté par une Société qui l'aura
admiré et ne lui aura donné aucun moyen non seulement de demeurer
admirable mais de pouvoir vivre décemment. Je connais trop, chez
nous, de ces anciens champions qui «besognent» actuellement, pour ne
pas employer un mot plus pejoratif encore. Je ne trahirai aucun secret
en disant quel mal a à vivre un Jules Ladoumègue, qui fut pourtant
un des plus grands champions de course à pied du monde, mais que la
sanction prise contre lui avant les Jeux Olympiques, sanction qui lui
interdit d'y participer, a frappé, à jamais et qui a dû, par la suite
d'abord «faire du spectacle», puis tomber vers d'autres besognes moins
heureuses encore. Ladoumègue était il coupable? On peut se le demander.
Il n'avait, à l'époque, fait qu'accepter ce que demandaient presque
tous les autres, ce qui, en quelque sorte était entré dans les moeurs (de
mauvaises moeurs, c'est certain). A mon avis, les vrais coupables ont
été ceux qui ne l'on pas éclairé alors, et surtout qui ne lui ont pas donné,
puis qu'il était pauvre et qu'il lui fallait bien vivre, les moyens
d'exister et de demeurer l'authentique champion qu'il était.
C'est donc le premier devoir des dirigeants, des chefs d'entreprise
et des Pouvoirs Publics, d'aider à la promotion du champion.
Certes il faut organiser le sport. Mais avant tout il faut lui donner
sa vraie place et, pour commencer, l'organiser à l'intérieur des hommes.
Quant aux dirigeants, je déplore qu'eux, qui ont pour mission justement
de diriger, ils soient trop souvent menés dirigés par trop de choses.
Pour ma part je n'aime pas les dirigeants en veston, dès qu'ils ont une
boutonnière ils ne pensent plus qu'à quelque décoration. Nous avons,
en France, un «Mérite sportif». On l'a institué pour récompenser ceux
qui font le maximum pour le sport. Le plus haut grade consiste en une
«cravate» que l'on passe au cou du dignitaire. Je rêve d'une cravate du
Mérite sportif» qui n'étranglerait pas les dirigeants qui la porte, qui
laisserait les paroles de vérité sortir de sa gorge et son esprit vierge
comme le revers de son veston.
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