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pays, sinon la plupart du temps le livrer sadiquement aux tentations
et le condamner lorsqu'il est découvert? Nous avons encore dans l'esprit
l'exclusion du meilleur coureur du monde sur ses distances, avant les
jeux Olympiques d'alors, je veux dire Jules Ladoumègue. Bien sûr,
il fallait faire respecter la règle et, sur le principe, on a eu alors raison.
Mais où l'on n'a pas eu raison, c'est «avant», et cet athlète, s'il avait
apartenu à une autre nation que la France, n'aurait pas eu à chercher
son pain où il n'aurait du rechercher que l'honneur. Actuellement, nous
possédons un très grand coureur - athlète: Michel Jazy, Jazy, lui,
a une profession à côté du sport: il est typographe à «L'Equipe». Qu'est
«L'Equipe». Un journal de sport, où l'on sait ce qu'est le sport, où on le
respecte mais où l'on comprend qu'actuellement on ne fait pas un champion
d'un homme qui, avant de s'entraîner, a du travailler huit heures
dans un atelier sans air, sans lumière, confiné. «L'Equipe» s'arrange
pour que Jazy gagne sa vie, mais aussi pour qu'il soit libre aux heures
et aux moments qui lui sont nécessaires à demeurer Jazy. Sans cette
compréhension, cette aide, sans la direction affectueuse d'un de nos
anciens champions du 800 mètres, Marcel Hansenne, un des directeurs
de l'Equipe, Jazy n'aurait jamais pu être le Jazy qui a à son palmarès
les plus beaux records du monde.
Il y a survivre, vivre, et vivre-plus. Il est normal qu'il faille d'abord
assurer sa vie. On parle toujours de «mieux vivre»: pourquoi ne pas
commencer ici par le commencement.
Professionnel? Quel est le sens exact de ce mot? Et quelle est donc
cette «profession» qui se termine ave la jeunesse? L'amateurisme aussi
est une profession... mais c'est une profession de foi.
Nous avons parlé des champions. Le sport n'est pas là tout entier,
bien entendu, et ceux-ci sont, de toutes les manières, des exceptions.
Pourtant il en faut, ils sont indispensables, ne serait ce que pour donner
à tous les pratiquants la mesure d'eux-mêmes par rapport à ceux qui
ont dépassé les limites de ce qui semblait, jusqu'alors, être le possible.
Le champion est un phénomène surnaturel. Le sport, lui, en est un mais
un phénomène naturel.
Et puis, le champion est aussi un porte-drapeau. Il fait, à sa place,
son travail d'agent de publicité pour le sport, mais un agent de publicité
qui payerait de sa personne et qui se donnerait en exemple, peut
être exceptionnel mais combien voyant et convainquant. Il faut des
champions. Il ne faut pas que des champions, voilà tout. Les champions
doivent demeurer cette minorité qui confirme la règle. De toute manière
il y aura toujours un athlète qui fera mieux que les autres et, aussi
longtemps qu'il le fera «en jouant» et d'une façon désintéressée, il ne
sera qu'un super-athlète un peu plus admirable que ceux qui n'attei-
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