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Il faut porter en soi ses possibilités physiques comme une femme
porte un enfant: avec précaution et tendresse, en connaissant la valeur
de ce trésor unique. Mais quand on lui donne le jour, le faisceau qu'on
a réuni de ces forces, a contruit un être vivant.
La civilisation, de nos jours, est devenue de plus en plus inhumaine.
Elle est presque toufours dissolution et facilité. Faire du sport, c'est
retourner aux sources, à la simplicité. C'est contrôler, à chaque fois,
qu'à force de tout faire pour devenir un surhomme on a cessé le plus
souvent d'être un homme tout court.
On dit scuvent d'un mariage qu'il comporte «des espérances» (héritage
des parents) ce sont là des espérances sur la mort. L'union de
l'homme et du sport en comporte aussi, mais ce sont des «espérances
sur la vie».
Les bourreaux des camps de concentration qu'on nommait «camps
de la mort» (et qui, malheureusement, existent encore dans certains
pays), savaient bien ce qu'ils faisaient: ils commençaient par abaisser
les corps et c'était ainsi qu'ils finissaient par atteindre les âmes. Mais
certains leur ont résisté. Le faire avec un corps diminué. quelle preuve
d'un coeur sportif.
Nous devons tous mourir. Qu'importé! C'est la mort même qui
fait le prix de la vie. Mais je crois que l'on ne peut accepter sa mort
avec sérénité que si l'on s'est battu à mort pour sa vie.
Il faut essayer aussi d'être le moins laid, le moins difforme possible,
c'est là, je crois, envers les autres, la première forme de la courtoisie.
«Je ne suis pas mon type», disait une femme charmante en se regardant
dans sa glace et, le sachant, elle y remédiait si bien qu'elle finissait
par être jolie. Belle lucidité, que le souhaite à bien des hommes.
Celui qui sait se dire, regardant son corps ou le mesurant sur un stade
à la piste, au sautoir, au poids qu'il faut lancer: «je ne suis pas mon
type», a gagné. Il faut se regarder dans la glace du sport chaque jour et
se refaire une beauté, ceci pour soi-même mais aussi pour les autres.
Toutes ces formules, et bien d'autres, permettent de faire un point
nécessaire, d'explorer un peu mieux cette terre encore inconnue pour
trop de gens qu'est le sport. Et c'est une terre si riche sur laquelle nous
nous aventurons qu'à chaque étape se posent à nous de nouvelles questions
auxquelles nous nous sentons le besoin, la nécessité de répondre.
Par l'esprit du sport, par la culture de notre corps, il nous apparait clairement
que nous devons être ceci et non cela. Il s'agit maintenant de
tenter de voir comment nous pouvons y parvenir.
Deux mots s'imposent aussitôt à nôtre esprit qui sont «cultiver»
et «éduquer». Encore semble-t-il qu'il existe entre eux une différence
fondamentale. Oui, instruire est une chose, et éduquer en est une autre,
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