Formar Leitores para Ler o Mundo - Leitura Gulbenkian - Fundação ...
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Contrôler et gérer sa propre compréhension:<br />
l’approche métacognitive<br />
Pour parvenir à une compréhension satisfaisante d’un texte, le lecteur<br />
doit systématiquement déterminer s’il a ou non compris la partie du<br />
texte qu’il a déjà traitée. Ce contrôle permet d’autoréguler la compréhension,<br />
c’est-à-dire de modifier la vitesse ou la modalité de la lecture<br />
afin d’améliorer la compréhension. Ce qui revient à mettre en place des<br />
stratégies de lecture en fonction des difficultés identifiées et des<br />
connaissances relatives à la manière de les résoudre. Par exemple, le<br />
lecteur peut élaborer un résumé de ce qu’il a déjà lu afin de vérifier qu’il<br />
a une «vue d’ensemble» du texte. Ou encore, s’il a un doute sur sa<br />
compréhension de la situation décrite par le texte, il peut en relire une<br />
partie plus ou moins importante: quelques mots, une phrase, un<br />
<strong>para</strong>graphe, etc. Il peut enfin simplement ralentir la vitesse de lecture<br />
pour mieux intégrer les informations (Fayol & Gaonach 2003). La<br />
perspective métacognitive s’attache précisément à l’étude des savoirs sur<br />
la lecture (qu’est-ce qu’un texte difficile? A quoi sert de ralentir la vitesse<br />
de lecture? Pourquoi relire?) et les savoir-faire (ou stratégies) correspondants<br />
(ralentir la vitesse; relire; résumer…).<br />
Les bons lecteurs confrontés à des textes difficiles procèdent de manière<br />
stratégique. Ils passent en revue le texte à lire, lisent sélectivement, résument<br />
et reviennent sur les informations à retenir. Ces stratégies visent à<br />
assurer l’efficacité de la compréhension en l’organisant et en en gérant<br />
soigneusement le déroulement (ONL 2000). Les lecteurs tout-venant ont<br />
de moindres performances en lecture et recourent moins aux stratégies<br />
que les lecteurs experts; par exemple, ils relisent moins les passages les<br />
plus difficiles à interpréter ou ils modulent moins leur vitesse de prise<br />
d’information en fonction des difficultés. Toutefois, là encore, les expériences<br />
consistant à enseigner les stratégies de lecture – pauses, retours<br />
en arrière, résumés de passages déjà traités, etc. – attestent que l’instruction<br />
ainsi dispensée améliore les performances des lecteurs, même s’il<br />
s’agit d’enfants ayant des troubles de l’apprentissage. En somme, il est<br />
possible de rendre stratégiques même les faibles lecteurs (Gersten et al.<br />
2001; Paris, Lipson & Wixson 1983; Remond 2003).<br />
Pour conclure<br />
La maîtrise de la lecture compréhension est toujours relative (Fayol &<br />
Morais 2004). Nous sommes tous, à un moment ou un autre, de faibles compreneurs,<br />
accaparés par le traitement de mots techniques trop nouveaux ou<br />
dépassés par la saisie du sens de textes qui exigent des connaissances spécifiques.<br />
Nous éprouvons de la fatigue en lisant un texte difficile (pour nous),<br />
alors même que, dans d’autres circonstances, la lecture nous <strong>para</strong>ît facile et<br />
nous nous demandons comment elle peut poser problème à certains. Ces<br />
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sentiments contradictoires tiennent à ce que pour l’adulte bon lecteur<br />
comme pour l’enfant débutant lire nécessite toujours la coordination de<br />
deux activités – le traitement du code et la gestion de la compréhension –<br />
dont chacune présente un coût, variable selon les textes et leurs contenus.<br />
Garder cela présent à l’esprit peut contribuer à la fois à mieux comprendre<br />
les difficultés de certains individus et à mettre en place des situations destinées<br />
à prévenir ou éviter l’échec.<br />
Les enfants qui sont en phase d’apprentissage du code peuvent difficilement<br />
conduire une activité de compréhension au cours même de la lecture.<br />
Leur attention est captée par le traitement des mots et il leur est difficile<br />
d’imaginer les situations ou les événements décrits. Or, ces enfants<br />
disposent déjà d’habiletés très développées de compréhension, qu’ils<br />
exercent aussi bien à l’oral que sur des supports imagés. En conséquence,<br />
le matériel utilisé pour l’apprentissage, centré sur l’acquisition du code<br />
alphabétique, présente souvent un intérêt discutable du point de vue de<br />
la compréhension. Toutes les solutions envisagées posent le problème de<br />
l’articulation de deux objectifs difficiles à concilier au moins initialement:<br />
l’apprentissage du code alphabétique et la compréhension.<br />
Au fur et à mesure que l’enfant progresse, l’identification des mots<br />
connus et le traitement des mots nouveaux s’accélèrent. L’attention<br />
mobilisée par ces activités se trouve réduite, et la compréhension peut de<br />
mieux en mieux s’exercer <strong>para</strong>llèlement au décodage. Pourtant, il reste<br />
difficile pour les enfants de faire simultanément face à des traitements<br />
complexes sur le code, par exemple du fait de la présence de nombreux<br />
mots nouveaux, et sur la compréhension, par exemple lorsque le thème<br />
n’est pas familier. En conséquence, il est nécessaire de mettre en adéquation<br />
les difficultés des textes et les objectifs poursuivis. Si le but est de travailler<br />
sur le code, il est prudent de limiter les difficultés de compréhension.<br />
Au contraire, s’il s’agit de mettre l’accent sur la compréhension, il<br />
convient de réduire le coût du traitement du code.<br />
On passe ainsi de l’identification des difficultés à leur gestion pédagogique.