8 THÉÂTRE DE LA VILLE • TARIF B DU 8 AU 11 AVRIL EN ALLEMAND, SOUS-TITRÉ EN FRANÇAIS BERLINER ENSEMBLE WILLIAM SHAKESPEARE I CLAUS PEYMANN Richard II Attaché à un théâtre sensible et direct, C<strong>la</strong>us Peymann offre le bouleversant Richard II qui a inauguré et marqué sa direction au Berliner Ensemble. traduction alleman<strong>de</strong> Thomas Brasch mise en scène C<strong>la</strong>us Peymann décor Achim Freyer costumes Maria-Elena Amos conseil dramaturgique Jutta Ferbers lumières Konrad Lin<strong>de</strong>nberg, Achim Feyer assistante à <strong>la</strong> mise en scène Tanja Weidner avec Maria Happel, Martin Seifert, Veit Schubert, Michael Maertens, Hanna Jürgens, Michael Rothmann, Markus Meyer, Peter Donath, Alexan<strong>de</strong>r Doering, Boris Jacoby, Manfred Karge, Axel Werner CLAUS PEYMANN C’est Giorgio Strehler qui, grâce au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Europe, le fait connaître à Paris, avec La Bataille d’Arminius <strong>de</strong> Kleist (1983-84). Il est alors intendant au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Bochum, après avoir été metteur en scène indépendant, et <strong>de</strong> 1974 à 1979, avoir dirigé celui <strong>de</strong> Stuttgart. En 1987, il est appelé au Burgtheater <strong>de</strong> Vienne, où, jusqu’en 1999, il impose sa vision critique <strong>de</strong> <strong>la</strong> société et du mon<strong>de</strong> politique, notamment en montant contre vents, marées et polémiques, l’œuvre <strong>de</strong> Thomas Bernhard. E. S. En janvier 2000, C<strong>la</strong>us Peymann, qui vient <strong>de</strong> quitter <strong>la</strong> direction du Burgtheater <strong>de</strong> Vienne, s’installe à Berlin où déjà plusieurs <strong>de</strong> ses spectacles ont été invités aux Rencontres Théâtrales. Un festival fondé au temps où <strong>la</strong> ville est séparée entre est et ouest, et qui chaque année, continue <strong>de</strong> réunir les dix meilleurs spectacles <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue alleman<strong>de</strong>. Cette fois, il prend <strong>la</strong> direction du légendaire Berliner Ensemble, <strong>de</strong>venu dans les années 90 le symbole et le <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> réunification. C’est donc le début d’un nouveau et formidable trajet dans <strong>la</strong> carrière <strong>de</strong> cet infatigable directeur, metteur en scène. Pour marquer son arrivée, C<strong>la</strong>us Peymann monte le Richard II <strong>de</strong> Shakespeare. Coup d’éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong>meuré au répertoire, et dont on ne se <strong>la</strong>sse pas. Il s’adjoint le scénographe Achim Freyer, qui invente le graphisme inhabituel d’un décor noir et b<strong>la</strong>nc. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Thomas Brasch – né en exil, mort à Berlin en 2001, un auteur qui a compté dans <strong>la</strong> vie théâtrale en Allemagne, et en France – une nouvelle traduction. Loin <strong>de</strong> tout romantisme, un texte dur et direct, dans lequel on reconnaît <strong>de</strong>s références aux manigances politiques <strong>de</strong> notre temps. Un texte en accord avec <strong>la</strong> mise en scène, qui repose sur <strong>de</strong>s signes francs, et <strong>la</strong>isse toute liberté à <strong>la</strong> force <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole. Parole critique, comme une épine dans <strong>la</strong> chair <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> pouvoir. Toujours et encore, à Berlin comme à Vienne, et auparavant à Stuttgart ou Bochum, C<strong>la</strong>us Peymann croit à <strong>la</strong> fonction politique et provocatrice du théâtre. D’où plusieurs scandales au Burgtheater. Et au Berliner Ensemble quand, en 2007, il propose un stage à Christian K<strong>la</strong>r, ex-membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> RAF (groupe terroriste d’extrême gauche) libéré après vingt-trois ans d’incarcération, et se solidarise avec sa vision du capitalisme corrompu. Mais c’est d’abord à <strong>de</strong>s comédiens d’exception qu’il s’adresse pour transmettre cette force <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole. Ainsi, Michael Maertens, magnifique Richard II, qui offre l’inépuisable richesse <strong>de</strong> sa voix, pour faire entendre les troubles, les fureurs, <strong>la</strong> détresse <strong>de</strong> ce jeune roi fragile, décidément encore trop adolescent pour régner sur le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> corruption et <strong>de</strong> meurtres dans lequel il vit, ou même pour le comprendre. Et quand il comprend son échec, et quand il voit son mon<strong>de</strong> à lui se défaire, quand il démissionne, alors Michael Maertens prend une carrure réellement royale. Un roi martyr. Sa façon <strong>de</strong> poser cet être perdu, poignant, est quasiment unique en Allemagne où, d’ailleurs <strong>la</strong> pièce est rarement montée. Eberhard Spreng
© Monika Rittershaus 9