booklet 2009/2010 - Théâtre de la Ville
booklet 2009/2010 - Théâtre de la Ville
booklet 2009/2010 - Théâtre de la Ville
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
© A<strong>la</strong>in Monot<br />
32<br />
LES ABBESSES • TARIF A<br />
DU 25 MAI AU 5 JUIN<br />
THÉÂTRE VISUEL<br />
JULIE BÉRÈS<br />
Sous les visages<br />
Cauchemars et rêves d’une femme <strong>de</strong> notre temps, indépendante, brusquement<br />
rejetée dans <strong>la</strong> marginalité, sans plus <strong>de</strong> travail donc sans plus d’i<strong>de</strong>ntité.<br />
mise en scène Julie Bérès<br />
scénario, dramaturgie, textes Julie Bérès,<br />
Elsa Dour<strong>de</strong>t, Nico<strong>la</strong>s Richard, David Wahl<br />
scénographie Goury<br />
création sonore David Segalen<br />
composition musicale Frédéric Gastard<br />
lumières Jean-Marc Ségalen<br />
vidéo Christian Archambeau<br />
costumes Aurore Thibout<br />
perruques Catherine St Sever<br />
regard sur le corps Lucas Manganelli<br />
p<strong>la</strong>sticienne Juliette Barbier<br />
créé et interprété par Olivier Coyette,<br />
Virginie Frémaux, Boris Gibé, Lucas Manganelli,<br />
Gilles Ostrowsky, Julie Pilod, Guil<strong>la</strong>ume Rannou,<br />
Delphine Simon<br />
chant Delphine Simon et Julie Pilod<br />
Chef <strong>de</strong> projet dans une entreprise, par suite<br />
<strong>de</strong> « restructuration », Agnès a été licenciée.<br />
Depuis elle va <strong>de</strong> petit boulot en petit boulot,<br />
<strong>de</strong> plus en plus rongée par <strong>la</strong> culpabilité, l’humiliation,<br />
par <strong>la</strong> pauvreté. Une précaire parmi<br />
d’autres. Travailleuse pauvre. Et qui se sent<br />
exclue non seulement <strong>de</strong> son travail mais du<br />
mon<strong>de</strong>, dépossédée <strong>de</strong> son droit à <strong>la</strong> parole,<br />
<strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité. Réfugiée chez elle, elle s’enferme<br />
dans ses rêves, ses cauchemars, et<br />
c’est dans cet espace mental en pleine dérive<br />
que Julie Bérès situe Sous les visages :<br />
« Un spectacle <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> métaphore,<br />
totalement onirique, sans aucun élément<br />
documentaire, même si nous avons mené <strong>de</strong>s<br />
enquêtes, recueilli <strong>de</strong>s témoignages. Le propos<br />
est <strong>de</strong> montrer <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité<br />
chez une femme, rejetée dans <strong>la</strong> marginalité.<br />
Elle est là, envahie par <strong>la</strong> réminiscence<br />
<strong>de</strong> ce qu’elle vient <strong>de</strong> vivre, assaillie par les<br />
spectres <strong>de</strong> ses angoisses. Ils apparaissent,<br />
sortis <strong>de</strong> nulle part, lui rappe<strong>la</strong>nt les moments<br />
où elle faisait du marketing téléphonique. Où,<br />
enfouie sous un masque et sous un costume<br />
grotesque, elle jouait les mascottes dans un<br />
grand magasin. Tout se passe sur un p<strong>la</strong>ncher<br />
oblique d’où surgissent – par <strong>de</strong>s trappes dissimulées<br />
sous un tissu mou – les créatures terrifiantes<br />
nées <strong>de</strong> cette vie qu’elle exècre, et qui<br />
arrivent, l’entourent, s’évanouissent.<br />
« Dans <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> partie, Agnès est passée <strong>de</strong><br />
l’autre côté <strong>de</strong> l’écran. On entre avec elle dans<br />
le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> paillette. On <strong>la</strong> trouve participant<br />
à un grand banquet avec les habitués <strong>de</strong><br />
ce genre <strong>de</strong> réjouissances : hommes politiques,<br />
chanteuse, journalistes mondains, son<br />
ancien patron… Les êtres joyeux, dynamiques,<br />
performants que <strong>la</strong> télévision ne cesse <strong>de</strong> nous<br />
donner en exemple. S’y croisent <strong>de</strong>s conversations<br />
confuses, comme dans ces talk-shows<br />
tellement à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> : on y discute du mouvement<br />
queer et <strong>de</strong> l’Éthiopie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> bioéthique et<br />
du chômage, tout se mé<strong>la</strong>nge, l’essentiel et le<br />
superficiel. Elle-même se dédouble, s’idéalise,<br />
elle se voit dans <strong>la</strong> peau d’une icône, une star<br />
g<strong>la</strong>mour.<br />
« Tout ici prend <strong>la</strong> forme d’un absur<strong>de</strong> grinçant.<br />
Tout est dans le virtuel, <strong>la</strong> distorsion, le fauxsemb<strong>la</strong>nt,<br />
le trucage. Tout est dans le jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
machinerie théâtrale si étroitement mêlée à <strong>la</strong><br />
vidéo, que l’on ne peut plus les distinguer l’une<br />
<strong>de</strong> l’autre.<br />
« La première partie se fond dans les réminiscences,<br />
celle-ci dans l’imaginaire. Il n’est plus<br />
question <strong>de</strong> l’exclusion, <strong>de</strong> l’aliénation, ni <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
recherche avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité en <strong>de</strong>hors du<br />
travail. Nous sommes chez les gens <strong>de</strong> pouvoir,<br />
les dominants, ceux qui possè<strong>de</strong>nt <strong>la</strong><br />
parole, que les médias nous imposent. Ils sont<br />
là chaque jour, <strong>de</strong>vant nous, chez nous, familiers<br />
et redoutables. Alors nous <strong>de</strong>vons prendre<br />
gar<strong>de</strong>. » C. G.<br />
PRESSE<br />
[…] Toute <strong>la</strong> schizophrénie <strong>de</strong>s temps présents<br />
apparaît alors, dans <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> l’isolée qui se<br />
dédouble littéralement sur scène, rampe sur<br />
les sables mouvants <strong>de</strong> sa solitu<strong>de</strong>, rit ailleurs à<br />
<strong>la</strong> frontière <strong>de</strong> l’hystérie, dans un dîner <strong>de</strong><br />
cyniques encravatés… […]<br />
Cathy Blisson, Télérama<br />
[…] Le spectacle proposé est celui d’une anamorphose.<br />
Regorgeant <strong>de</strong> trouvailles visuelles,<br />
scénographiques, sonores, Sous les visages<br />
défile comme un film en relief <strong>de</strong> situations surréalistes<br />
où le cauchemar sait se faire burlesque.<br />
P<strong>la</strong>ce aux rumeurs du rêve, à l’inouï <strong>de</strong><br />
ce qui ne se parle pas, aux corps <strong>de</strong>s illusions<br />
qui s’incarnent en saraban<strong>de</strong>s […]<br />
Jean-Marc Adolphe, Mouvement<br />
JULIE BÉRÈS<br />
Passée par le <strong>Théâtre</strong> du Soleil, le Conservatoire<br />
national, après quelques expériences<br />
d’actrice, elle fon<strong>de</strong> en 2001 <strong>la</strong> Compagnie<br />
<strong>de</strong>s Cambrioleurs, qui fait ses débuts au<br />
<strong>Théâtre</strong> national <strong>de</strong> Chaillot avec Poudre.<br />
Suivent notamment : Ou le <strong>la</strong>pin me tuera en<br />
2003 au Paris-<strong>Ville</strong>tte. En 2006 à Chalon-sur-<br />
Saône, On n’est pas seul dans sa peau, peinture<br />
onirique d’existences arrivées au bout du<br />
chemin. C. G.