booklet 2009/2010 - Théâtre de la Ville
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édito<br />
Le théâtre, comme <strong>la</strong> danse, a une force effrayante.<br />
Sans doute parce qu’on y voit les corps<br />
comme nulle part ailleurs et que <strong>la</strong> parole y est<br />
encore un événement. On y surexpose le mon<strong>de</strong>.<br />
Dans cet esprit, cette nouvelle saison s’engage<br />
sur <strong>de</strong>s chemins singuliers, s’aventure dans<br />
d’autres formes <strong>de</strong> représentations, avec <strong>de</strong>s<br />
artistes qui renouvellent les perceptions et nous<br />
orientent vers <strong>de</strong>s territoires à découvrir.<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ville</strong> est un lieu <strong>de</strong> partage,<br />
ouvert sur le mon<strong>de</strong> et ses expérimentations<br />
artistiques, fondé sur l’alliance <strong>de</strong>s différents<br />
arts, danse, théâtre et musique. Aussi avonsnous<br />
cherché, sous le signe <strong>de</strong> l’exigence artistique,<br />
à inventer une trajectoire fidèle au projet<br />
dont nous avons rêvé, pour parvenir à ce que<br />
chacune <strong>de</strong> ces pratiques puisse produire le<br />
meilleur d’elle-même, en définissant plusieurs<br />
axes principaux.<br />
La création<br />
Elle est indispensable. Elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que l’art<br />
se renouvelle, qu’il expérimente sans cesse,<br />
non pas pour le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté à tout<br />
prix, ou pour contredire ou scandaliser, mais<br />
pour s’arracher à <strong>la</strong> routine, à soi-même. « Se<br />
déprendre <strong>de</strong> soi-même », disait Michel Foucault.<br />
Un <strong>Théâtre</strong>, donc, qui soit d’abord un lieu<br />
pour <strong>la</strong> création. Ce mot peut paraître galvaudé.<br />
Pourtant il signifie que l’on ne se contente<br />
pas d’organiser du déjà-vu mais que l’on s’oblige<br />
à révéler <strong>de</strong>s œuvres, prendre <strong>de</strong>s risques<br />
aussi bien esthétiques qu’éthiques, créer <strong>de</strong>s<br />
spectacles qui témoignent non seulement <strong>de</strong><br />
notre époque, mais aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont les<br />
auteurs y répon<strong>de</strong>nt. La création <strong>de</strong>meure un<br />
acte <strong>de</strong> résistance à toute forme <strong>de</strong> normalisation<br />
culturelle. Ainsi cette saison, nous avons<br />
souhaité développer notamment le partenariat<br />
avec le Festival d’Automne à Paris, dans <strong>la</strong><br />
volonté commune d’accueillir <strong>de</strong>s œuvres significatives,<br />
internationales et pluridisciplinaires.<br />
Il nous faut aussi réfléchir à <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion du<br />
théâtre, <strong>de</strong> <strong>la</strong> danse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique, tant<br />
auprès du grand public, qui est d’abord celui<br />
<strong>de</strong> Paris, qu’auprès <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> ses banlieues<br />
proches et moins proches. S’adresser à <strong>de</strong><br />
nouveaux spectateurs, faire <strong>de</strong> nouvelles tentatives<br />
en direction <strong>de</strong>s milieux sco<strong>la</strong>ires et universitaires,<br />
souvent parents pauvres <strong>de</strong>s activités<br />
artistiques. Nous chercherons à inventer<br />
encore d’autres modèles <strong>de</strong> diffusion pour que<br />
les spectacles créés et présentés au <strong>Théâtre</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ville</strong> puissent circuler, se faire connaître<br />
ailleurs, au travers <strong>de</strong> liens nouveaux avec<br />
d’autres théâtres tant en France qu’à l’étranger.<br />
Les Maîtres<br />
La création ne doit pas s’opposer à l’exploration<br />
du passé, à <strong>la</strong> mémoire, à l’Histoire. La conjoncture<br />
théâtrale actuelle, c’est une <strong>de</strong> mes convictions,<br />
a tendance parfois à se détacher <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mémoire du <strong>Théâtre</strong>, ou plutôt <strong>de</strong> son histoire.<br />
Le théâtre, dont l’acte a toujours lieu dans l’instant,<br />
se passe <strong>de</strong> mémoire, en un sens, mais<br />
Antoine Vitez insistait toujours pour dire que les<br />
grands acteurs incarnent, qu’ils le veuillent ou<br />
non, <strong>la</strong> mémoire et l’histoire <strong>de</strong>s rôles.<br />
Rien ne se fait qu’avec le temps ; aussi est-il<br />
vrai que <strong>la</strong> fidélité aux artistes suppose le respect<br />
et <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s grands Maîtres<br />
du passé, et donc aussi <strong>de</strong>s Maîtres d’aujourd’hui.<br />
Aussi bien, dans <strong>la</strong> saison qui s’annonce,<br />
<strong>la</strong>isseront nous <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce libre à certains Maîtres<br />
du <strong>Théâtre</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Musique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Danse, pour<br />
qu’ils nous donnent encore <strong>de</strong> leurs Leçons. Il<br />
ne s’agit pas d’hommages – ce mot est parfois<br />
bien funèbre – mais <strong>de</strong> rencontres ou <strong>de</strong> retrouvailles,<br />
au grand sens du mot entre un artiste<br />
en scène et le public dans <strong>la</strong> salle.