booklet 2009/2010 - Théâtre de la Ville
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© DR<br />
LES ABBESSES • TARIF A<br />
DU 23 FÉVRIER AU 6 MARS<br />
AURÉLIEN BORY Compagnie 111<br />
Sans objet<br />
Duo <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> <strong>la</strong> machine, lorsque les rêves <strong>de</strong> Kleist sur le théâtre<br />
<strong>de</strong>s marionnettes nous conduisent jusqu’aux infinies capacités du robot.<br />
conception, scénographie et mise en scène<br />
Aurélien Bory<br />
conseiller artistique Pierre Rigal<br />
lumières Arno Veyrat<br />
décor Pierre Dequivre<br />
p<strong>la</strong>teau programmation robot Tristan Baudoin<br />
son Stéphane Ley<br />
costumes Sylvie Marcucci<br />
avec Olivier Alenda, Pierre Cartonnet<br />
(distribution en cours)<br />
Dans son essai Sur un théâtre <strong>de</strong> marionnettes,<br />
Kleist rêvait d’un acteur-danseur face à luimême,<br />
cherchant à réaliser ce que signifie l’art<br />
<strong>de</strong> reproduire à l’infini, comme une poupée<br />
manipulée, les mêmes gestes et mots. Rêvant<br />
autour <strong>de</strong> ce texte, Aurélien Bory imagine <strong>la</strong><br />
rencontre sur scène entre un homme et l’un <strong>de</strong><br />
ces gigantesques bras articulés, qui, aujourd’hui,<br />
dans notre société industrielle, accomplissent,<br />
à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s ouvriers, le pénible et<br />
fastidieux travail du montage automobile. Un<br />
vrai robot, manœuvré par un technicien, et venu<br />
directement <strong>de</strong> son usine :<br />
«Il y tenait sa p<strong>la</strong>ce, avait son utilité. Les hommes<br />
l’ont conçu, l’ont fabriqué dans un but <strong>de</strong> progrès,<br />
<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation, selon <strong>de</strong>s critères d’efficacité<br />
et <strong>de</strong> productivité. En changeant <strong>de</strong><br />
contexte, il perd sa fonction, donc sa raison<br />
d’être, <strong>de</strong>vient “sans objet”. À partir <strong>de</strong> là, dans<br />
une certaine mesure, il s’humanise, puisqu’il<br />
doit trouver autre rôle.<br />
« Son comportement n’est en rien modifié, il<br />
gar<strong>de</strong> ses capacités mécaniques, sa puissance<br />
et <strong>la</strong> brutalité, voire <strong>la</strong> violence <strong>de</strong> ses mouvements,<br />
qui ont quelque chose <strong>de</strong> guerrier. Il<br />
pourrait faire penser à un <strong>la</strong>nce-missile, mais là,<br />
sur le p<strong>la</strong>teau, il est vu différemment. Il existe<br />
seulement dans son rapport avec l’être humain<br />
à ses côtés. Tout se passe dans <strong>la</strong> façon dont<br />
ils vont s’approcher, établir le contact. Ils se<br />
situent dans un espace artistique, autrement dit,<br />
si l’on s’en tient aux valeurs <strong>de</strong> l’industrie, le<br />
champ <strong>de</strong> “l’inutilité”.<br />
«Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s questions à propos <strong>de</strong> ces valeurs,<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision critique que<br />
l’on peut en avoir, ce qui m’intéresse, c’est <strong>de</strong><br />
marquer <strong>la</strong> frontière entre l’inerte et le vivant.<br />
Dans un passé encore récent, elle était c<strong>la</strong>ire,<br />
les avancées technologiques en brouillent <strong>de</strong><br />
plus en plus l’image. La machine va <strong>de</strong> plus en<br />
plus loin, sa mémoire lui permet <strong>de</strong> reconnaître<br />
et d’anticiper, peut-être, qui sait, <strong>de</strong> prendre<br />
<strong>de</strong>s décisions, d’agir par elle-même. Au Japon<br />
notamment, et aux États-Unis, <strong>la</strong> robotisation au<br />
quotidien se donne une importance inquiétante.<br />
« La cohabitation du robot et <strong>de</strong> l’homme<br />
contemporain n’est pas heureuse, leurs re<strong>la</strong>tions<br />
sont conflictuelles. Des re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> pouvoir<br />
qui retrouvent celles <strong>de</strong> l’homme primitif<br />
avec l’animal. Il l’a d’abord combattu avant <strong>de</strong><br />
l’affronter au cours <strong>de</strong> performances initiatiques<br />
et finalement le domestiquer. À présent, nous<br />
sommes obligés <strong>de</strong> nous mesurer aux robots,<br />
<strong>de</strong> comparer nos performances. Si nous voulons<br />
gar<strong>de</strong>r notre suprématie, nous serons amenés<br />
à nous “technologiser”, le mouvement est déjà<br />
amorcé. »<br />
Ici, <strong>la</strong> machine règne au centre d’un socle surélevé<br />
en équilibre instable, forme sculpturale<br />
avec <strong>la</strong>quelle l’homme engage une sorte <strong>de</strong><br />
dialogue physique. Jeu subtil et insolite entre<br />
un être adulte qui en connaît les règles et un<br />
robot qui les découvre, les invente, avec naïveté<br />
comme un enfant s’amuse. Un enfant aux<br />
talents infinis, inconnus, redoutables peut-être.<br />
Rien n’est jamais acquis. C. G.<br />
AURÉLIEN BORY<br />
Il dirige à Toulouse <strong>la</strong> Cie 111 qui relie théâtre,<br />
cirque, danse et arts visuels. Il consacre une trilogie<br />
à l’espace, IJK (2000) et en col<strong>la</strong>boration<br />
avec Phil Soltanoff, P<strong>la</strong>n B (2003) et Plus ou<br />
moins l’infini (2005). Il col<strong>la</strong>bore avec Pierre<br />
Rigal sur Érection et Arrêts <strong>de</strong> jeu. Il travaille à<br />
Tanger pour TAOUB et en Chine où il crée<br />
Les Sept P<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruse, présenté au<br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Ville</strong> en janvier 2008. C. G.<br />
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