BICENTENAIRE AMBROISE THOMAS - cercle lyrique de metz
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et <strong>de</strong>s compositeurs à l’orée <strong>de</strong>s floraisons romantiques, comme Berlioz.<br />
Mais Thomas, qui admirait Beethoven, (il s’était recueilli sur sa tombe à son<br />
retour <strong>de</strong> la Villa Médicis) ainsi que Men<strong>de</strong>lssohn, et qui fut influencé par<br />
l’école italienne, a été pris irrésistiblement dans le maelström <strong>lyrique</strong> français,<br />
Classique et cultivant le romantisme du sentiment, sa musique l’était,<br />
assurément. Mais elle procédait en tout état <strong>de</strong> cause, d’une écriture instrumentale,<br />
orchestrale et vocale d’une gran<strong>de</strong> richesse, d’une habilité et d’une<br />
virtuosité d’écriture surprenante, minutieusement construite, traduisant<br />
avant tout <strong>de</strong>s ressentis humains, <strong>de</strong> la malicieuse alacrité <strong>de</strong> ses premiers<br />
opéras-comiques, aux accents authentiques et profonds <strong>de</strong> ses opéras tardifs<br />
à l’expression sincère et grave, mais aussi <strong>de</strong>s inflexions à la fois<br />
recueillies et jubilatoires <strong>de</strong> ses œuvres religieuses, <strong>de</strong> son Requiem écrit à<br />
22 ans, à Rome, à sa Messe solennelle, créée à l’église Saint-Eustache à<br />
Paris en 1857.<br />
L’expression spontanée d’une nature secrète<br />
Loin d’être archaïque, Thomas était ouvert à une évolution mesurée du présent.<br />
Alors, plutôt que <strong>de</strong> le qualifier <strong>de</strong> conventionnel, ne vaudrait-il pas<br />
mieux le présenter comme un parnassien <strong>de</strong> la musique, à l’instar <strong>de</strong> ceux<br />
qui, en poésie, appartenaient à cette école : Lecomte <strong>de</strong> L’Isle, Théodore <strong>de</strong><br />
Banville, ou Sully Prudhomme, qui défendaient l’art pour l’art ?<br />
C’est aussi l’opposition entre le caractère sombre <strong>de</strong> l’homme et la facture<br />
élégante, voire brillante <strong>de</strong> sa musique, qui a suscité <strong>de</strong>s interrogations. Car<br />
cette œuvre, bien qu’on lui ait trouvé <strong>de</strong>s formules convenues, une inspiration<br />
mélodique en dépit <strong>de</strong> tournures qui n’étaient par toujours à la hauteur<br />
<strong>de</strong> l’enjeu, est généreuse et minutieusement construite.<br />
Reste ce décalage entre l’expression loyale, spontanée et sensible <strong>de</strong>s émotions<br />
et la troublante réserve <strong>de</strong> celui qui les faisait revivre sur scène. Et si,<br />
tout simplement, c’était par l’engagement magnanime qui s’en dégage, que<br />
se révélait le mieux, le tempérament authentique du compositeur ? En<br />
somme, c’est la prodigalité émanant <strong>de</strong> son corpus <strong>lyrique</strong> qui fait contraste<br />
avec sa nature effacée et pudique. Et c’est, justement, la spontanéité <strong>de</strong> ces<br />
bouquets <strong>de</strong> musique, qui trompait la nature secrète <strong>de</strong> celui qui les avait<br />
composés.<br />
Georges MASSON<br />
Notules : article documenté à partir <strong>de</strong> textes d’époque et <strong>de</strong> dossiers d’artistes, <strong>de</strong> partitions, d’articles<br />
<strong>de</strong> presse, <strong>de</strong> documents particuliers et <strong>de</strong> notices biographiques (dont Notes et souvenirs d’Henri<br />
Ferrare, Revue <strong>de</strong> famille <strong>de</strong> Francis Thomé, hommage <strong>de</strong> Victorien <strong>de</strong> Joncières, etc…), (Bibliothèque<br />
Nationale <strong>de</strong> France), ainsi qu’encyclopédies, ouvrages généraux et livres, dont extraits d’Ambroise<br />
Thomas, un compositeur <strong>lyrique</strong> au XIX ème siècle, G. Masson, Metz, Éditions Serpenoise, 1996.<br />
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