BICENTENAIRE AMBROISE THOMAS - cercle lyrique de metz

l’époque ainsi que leur contexte. Seuls, Georges Bizet et sa Carmen semblent
avoir échappé à cette volée de bois vert. Circonstances aggravantes
pour Ambroise Thomas : sa position officielle au Conservatoire national et à
l’Institut ; et, surtout, les critiques féroces -et assez ridicules !- qu’il a formulées,
à la fin de sa vie, contre le jeune Debussy.
Tous ces éléments polémiques méritent d’être remis à plat. Nul n’est prophète
en son pays et le dénigrement de notre propre patrimoine musical
semble constituer une sorte de sport national. Faut-il rappeler le rôle joué
par nos amis anglais dans la redécouverte de Berlioz, lui-même ? Faut-il
négliger toutes ces « Massenet Societies », créées aux Etats-Unis, grâce auxquelles
des chefs-d’œuvre oubliés ont été réévalués ? Souhaitons pour
Ambroise Thomas ce qui est arrivé pour Massenet. Après tout, si la millième
de Mignon (1866) est survenue du vivant du compositeur en 1894, si cette
même œuvre, ainsi qu’Hamlet (1868), sont restées au répertoire de l’Opéra
de Paris jusqu’en 1939, ce n’est pas sans raison. Depuis quelques années,
les deux chefs-d’œuvre du musicien messin reviennent en force dans les
théâtres étrangers. Les Allemands sont toujours restés fidèles à Mignon. Et
des reprises remarquées d’Hamlet ont eu lieu, ces dernières années, aussi
bien au Liceo de Barcelone qu’au MET de New-York. De grands noms du
« Gotha lyrique international » n’hésitent pas à s’investir dans ce répertoire
comme notre Natalie Dessay, l’américain Thomas Hampson et l’anglais
Simon Keenlyside. En France, le Théâtre français de Compiègne a montré
l’exemple avec la recréation, en 1994, du Songe d’une Nuit d’été. Autre événement
encourageant : la mise sur le marché, par le label britannique
« Opera rara », d’un joyau méconnu, La Cour de Célimène, opéra-comique
subtilement orchestré et interprété ici, dans un français impeccable, par une
troupe de jeunes chanteurs d’Outre-Manche.
Les institutions musicales messines ne pouvaient pas rester à l’écart de
cette redécouverte de l’œuvre d’Ambroise Thomas. Depuis 2007, une biennale,
organisée à l’Opéra-Théâtre, nous a menés du premier opéra-comique,
Le Caïd, à Hamlet puis, pour cette année de bicentenaire, à la production
pénultième du compositeur, Françoise de Rimini. A l’initiative de son fondateur,
Philippe Baudry, l’excellent ensemble, « Le Salon de Musique », a
recréé, en juin dernier, un quintette de jeunesse au Château de Clémery. En
novembre prochain, des compositions religieuses seront exécutées en
concert à l’Arsenal. Enfin, à l’initiative de Georges Masson, biographe
d’Ambroise Thomas et président du Cercle Lyrique de Metz, une Association
des amis d’Ambroise Thomas et de l’Opéra français vient de voir le jour,
avec pour objectif, de contribuer à faire redécouvrir des pages injustement
méconnues de notre patrimoine lyrique et musical.
Qui aurait-pu prévoir, il y a trois ou quatre décennies, le spectaculaire retour
en grâce de l’œuvre de Massenet ? Pourquoi pas une pareille résurrection
au bénéfice d’Ambroise Thomas ?
Jean-Pierre Pister
Vice-Président et webmaster du Cercle Lyrique de Metz
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