BICENTENAIRE AMBROISE THOMAS - cercle lyrique de metz

les, au milieu des cris, des sanglots, des flammes qui les brûlent et des
démons qui boivent le sang des coupables. Le « Chœur des damnés »
l’évoque avec ses accents pour le moins douloureux.
Ensuite, les âmes des deux martyrs traversent l’air, emportées par le vent et
chantent le touchant « Duo des âmes ». Ils narreront ensuite à Virgile et
Dante, l’extrait du livre qui les fera basculer dans la félicité. « Nous étions
seuls, tous deux, lisant le même livre… ». Et ce roman chevaleresque et
d’amour courtois n’est autre que Lancelot du Lac de Chrétien de Troie, qui
vécut un siècle avant les deux héros, et qui s’inspirait des légendes et des
romans de la Table ronde. L’opéra de Thomas est ainsi dans le vent, puisque
la littérature arthurienne était également redevenue à la mode au XIX ème
siècle. C’est alors que Virgile propose à Dante de faire revivre leur cher passé
à Francesca et Paolo, qui, comme par un coup de baguette magique, apparaissent
sur terre et poursuivront leur lecture.
Premier acte : panique à Rimini !
On quitte ainsi l’enfer et ses lieux improbables, et le Premier Acte, temporalisé,
ouvre son rideau sur les deux amoureux qui, assis côte à côte, dans un
oratoire byzantin de Rimini où le livret situe l’action autour de 1285, racontent
avoir été troublés par la description du moment où le chevalier Lancelot
s’était épris de la Reine Genièvre. Et c’est ainsi qu’ils furent saisis, mais
d’une tout autre flamme ! Un superbe duo succède à une nouvelle introduction
orchestrale, où les héros chanteront leur amour dans le « Duo du Livre »,
sur un mouvement Andante où les deux voix s’enlacent quasi-pieusement.
Soudain, Guido de Polenta, le père de Francesca, (voix de basse chantante),
arrive, paniqué, au château pour annoncer le danger qui pèse sur Rimini. En
effet, Malatesta, (baryton) et qui est le frère de Paolo, y déboule avec ses
chevaliers allemands. « Les guelfes triomphants gagnent de place en place
tout le pays toscan ! » s’exclame Guido.
Malatesta avait été, autrefois, bouté hors de la ville et y revient, victorieux et
surtout, triomphant à la tête de ses ennemis. Il apparaît évident que, dans
l’opéra, les méchants sont du côté des Malatesta obéissant aux ordres de
l’empereur (du Saint Empire romain germanique) mais dont le nom n’est pas
précisé dans le livret, comme rarement d’ailleurs, dans les livrets d’opéras.
Mais on peut supposer qu’il s’agit de Rodolphe Ier qui régna de 1273 à sa
mort en 1291, et qui mit fin à la dynastie des Hohenstaufen, ou d’Adolphe
de Nassau, roi des Romains du Saint Empire qui mourut en 1298, ou, peutêtre,
d’un autre encore…
Dès lors on verra que la tendance idéologique dominante, balance en faveur
de Paolo, de Francesca, de Guido et, bientôt, d’un page, Ascanio, au rebours
de Giovano (dit Gianciotto) Malatesta, encensé, mais qui sera, in fine chassé
de Rimini.
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