BICENTENAIRE AMBROISE THOMAS - cercle lyrique de metz

Petite précision : l’alliance des deux familles n’aurait, semble-t-il, jamais été
remise en cause et, plus encore, renforcée par une "omerta" en ce sens que
les archives historiques ne mentionneront ni l’adultère ni l’homicide.
Avant même la cérémonie de mariage, des rumeurs courent selon lesquelles
Paolo serait mort au combat. Ascanio le confirme : « Le combat nous
sépare… Je vole à son secours… Trop tard, il est frappé d’un coup mortel ! »
La nouvelle ébranle d’abord Francesca qui, émue, doute alors, puis s’égare,
divague presque : « Ah Dieu ! Suis-je donc insensée ? ... C’est moi qu’on juge
infâme ! ... On ose dire à moi qu’il se croyait aimé ? ... ». Rien, cependant, ne
devrait troubler autrement le déroulement de la messe. Le « Chœur nuptial »
des sopranos et des ténors entonne : « Heureuse destinée que Dieu va
bénir ! », ce à quoi la mariée rétorque : « Cruelle destinée ! ». Tandis que
Malatesta plastronne : « Salut à vous, nobles amis, nos discordes sont calmées…
» Il n’a aucun scrupule à déclarer devant tous, à Francesca stoïque :
« Mon cœur vous choisit devant tous… J’espère, je vous aime… ».
Inconsolable de la perte de son maître Paolo, Ascanio chante sa « Prière » au
douloureux lyrisme : « Hélas, si mes pleurs aujourd’hui, ne peuvent lui rendre
la vie, je peux au moins prier pour lui ». Cette mélodie pleine d’affliction,
voire de désespoir, ne trouble en rien le repas de noces qui s’organise et où
l’on chante le « Chœur des pages », invitant Ascanio à se joindre aux festivités
; mais il y renonce n’ayant pas le cœur à sourire. Ce chœur est une page
enchanteresse qui avait été bissée à la première représentation de 1882.
Rien ne devait troubler autrement la messe, la noce se poursuivant comme
si rien ne s’était passé.
Grand espoir et mortel désir
Or, le décès de Paolo n’était qu’une fausse nouvelle. Le malheureux apparaît,
ployant sous ses blessures et chantant son espoir dans sa remarquable
« Cavatine » : « Ah ! je vais la revoir… Laissé parmi les morts et sauvé par
miracle, non je ne veux pas mourir ! … » La description bouleverse
Francesca, troublée plus encore, perdant conscience. Paolo subodore un
méchant stratagème qu’il attribue à son frère, Malatesta, et croit aussi que
son amour l’a trahi. Ce qui explique son revirement : « Que la mort me délivre
de ces tourments d’enfer. Je ne veux plus vivre, non ! » Et il s’évanouit
dans les bras d’Ascanio.
La scène est tendue. Francesca revient à elle et chante d’une voix éteinte :
« Vivant ! cher Paolo ! » . Puis c’est l’air final de Francesca qui clôt l’acte,
pathétique et sublime.
Elle y dit son enchantement, exprime son extase, et, en même temps, sa désespérance,
son effroi, son désir morbide : « Il vit ! ô, bonheur ! C’est moi que
la mort foudroie ! », lorsqu’elle évoque Malatesta son époux. « J’ai cru mourir
de joie et je vais mourir de douleur. » On est là au summum de la tragédie
lyrique et de l’intensité dramatique. Francesca jette son anneau de
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