BICENTENAIRE AMBROISE THOMAS - cercle lyrique de metz
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La rue était plus sombre en ses détours étroits,<br />
Mais les feux du couchant tout au haut <strong>de</strong>s murs froids,<br />
Vous enchantaient…lueurs, soudain mystérieuses,<br />
Evanouissement <strong>de</strong> formes gracieuses<br />
Que Maréchal reflète en ses vitraux sanglants.<br />
Puis, un matin, très jeune encore, à pas bien lents,<br />
Avec ceux dont l’archet égayait le théâtre,<br />
Et qui songeait : « la cendre est seule au fond <strong>de</strong> l’âtre »,<br />
Vous suiviez un cercueil qui sortait du rempart :<br />
Votre père était mort…Et c’était le départ.<br />
****<br />
Vous êtes revenu, vieillard fleuri <strong>de</strong> gloire,<br />
Dont Metz saura toujours conserver la mémoire.<br />
« L’Orphéon » vous fêtait. La ville était à vous.<br />
Précieux souvenirs. Jours fastueux et doux.<br />
Prêtant l’oreille, à l’heure où le soir tendre expire,<br />
Au chant <strong>de</strong> Goethe ou bien aux accords <strong>de</strong> Shakespeare,<br />
Que nous comprenons mieux quand ils ont votre voix,<br />
Avez-vous retrouvé les chemins d’autrefois ?<br />
Idéalement svelte, au clair <strong>de</strong> lune pâle,<br />
Avez-vous vu surgir la haute cathédrale ?<br />
Pensiez-vous, dans Paris, aux murs flanqués <strong>de</strong> tours,<br />
Aux dames <strong>de</strong> la ville en élégants atours<br />
Sur l’Esplana<strong>de</strong> ? Aux bois où le chêne et le hêtre<br />
Pouvaient abriter nue, une nymphe <strong>de</strong> Pêtre ?...<br />
Ô la Seille endormie, ô l’horizon si vert,<br />
Le corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> auprès du bronze <strong>de</strong> Fabert,<br />
Tout ce qui ravit l’homme, en l’enfance lointaine<br />
Et qui sut vous charmer, comme il charma Verlaine !<br />
Voyez ; votre Philine et sa frivole cour,<br />
Arrivent <strong>de</strong> la ville où vécut Jean Lamour.<br />
C’est la Moselle bleue, à la courbe jolie<br />
Qui rêve chastement sur le sein d’Ophélie,<br />
C’est <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Mute où niche le guetteur<br />
Qu’Hamlet put voir un spectre agiter Elseneur,<br />
Et si, comme Mignon, qu’éternise Thalie,<br />
Vous avez désiré les bosquets d’Italie,<br />
N’est-ce point qu’ici même est un tendre jardin ?<br />
Qu’un verger mosellan semble un verger latin ?<br />
Notre passé : « La voix qui chante en l’âme humaine » ?<br />
Et notre longue rue, une route romaine ?<br />
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