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— Le 2004 n’aura probablement pas assez de tanins, le 89 est une véritable merveille, il devrait mieux
convenir que le 96 qui est, à mon goût, trop fermé.
Le sommelier hoche la tête. Paul renonce à demander à Kaitline de choisir un vin pour le dessert et
commande lui-même un champagne et le coca de la jeune fille. Philippe lui adresse un regard de reproche
mais ne bronche pas. Il me remercie de mon intervention et la conversation s’engage ainsi. Elle roule sur
plusieurs sujets auxquels la pauvre Kaitline ne comprend rien. Elle torture ses asperges dans son assiette
et se garde bien d’y goûter malgré les encouragements de son compagnon qui finit par se lasser.
Paul a subtilement appuyé encore deux fois sur la télécommande. Je lutte pour rester parfaitement
impassible. Heureusement, les deux hommes abordent un sujet qui nous anime : la bonne vieille
confrontation entre les partisans du livre à l’ancienne et la nouvelle génération, gaga des nouvelles
technologies.
Je connais la passion de Paul pour ces ouvrages de papier et je la partage, mais je dois aussi reconnaître
que l’e-book fait partie des nouvelles tendances qu’une maison d’édition ne peut plus se permettre
d’ignorer.
Philippe et moi nous unissons en riant contre un Paul ravi. Il me récompense traîtreusement d’un stade
supplémentaire dans le plaisir. Mon ventre est parcouru de frissons.
Huitième programme !
Philippe a constaté mon sursaut. Il interroge son grand-père d’un regard énigmatique. Je devine qu’il
soupçonne quelque chose.
Je peine à me concentrer sur le débat qui a repris. Mon entrejambe est de plus en plus mouillé, mes reins
sont parcourus de petits coups d’électricité délicieux.
Enfin, le dessert arrive.
Paul s’enthousiasme et pose la télécommande bien en évidence sur la table. Cette fois, Philippe ne résiste
pas. Il s’empare de l’objet et je me raidis sur ma chaise. Instinctivement, je serre les jambes.
Inquiète, je scrute le visage de Paul où j’y lis avec effroi des intentions qui ne vont pas forcément dans le
sens des miennes. C’en est trop, je n’en peux plus.
— Paul, s’il vous plaît, dis-je d’un air anxieux.
— Si tu insistes, Mina ! Philippe, appuie donc sur ce bouton, commande-t-il en désignant l’appareil.
Je sursaute et je tends la main vers mon bourreau qui ignore le supplice qu’il risque de me faire endurer
s’il obéit à son voisin.
— Je t’en prie, Philippe, non, fais-je en maîtrisant ma voix.
Paul jubile de mon affolement. Son petit-fils fronce les sourcils en affichant son incompréhension.
— Pourrais-je savoir ? demande-t-il, intrigué par notre soudaine réaction.