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— Future journaliste, je corrige sans rien réclamer de plus.
— J’en avais assez de te voir m’échapper en permanence, explique-t-il spontanément.
Je me tourne alors vers lui, ses prunelles claires m’éblouissent.
— Entre mon grand-père et Kaitline, je tourne dingue. C’est comme s’ils s’ingéniaient tous les deux à
vouloir me tenir éloigné de toi.
Je distingue comme des accents de colère dans sa voix grave.
— Où m’emmènes-tu ? je finis par demander.
— Dans un endroit où personne ne viendra nous déranger jusqu’à demain.
Il m’adresse un regard empli d’une troublante détermination. Je n’ose même pas protester, d’ailleurs, je
n’en ai pas envie.
— Qu’as-tu trouvé comme excuse pour échapper à Paul et à Kaitline ?
— Pour Kait, ça n’a pas été bien difficile, j’ai prétexté vouloir passer la soirée avec un ami d’enfance,
elle l’a cru.
— Et Paul ? j’insiste en voyant qu’il évite la question.
— Je ne lui ai rien dit. Il a été absent presque toute la journée. Quand il est rentré, j’ai seulement réclamé
de lui emprunter une voiture pour faire un tour.
— Il ne t’a rien demandé ? je tique, aussi surprise que méfiante.
— Non !
Philippe jette un coup d’œil furtif dans le rétroviseur et ralentit aux abords d’un bel immeuble
haussmannien. Sur la façade en pierre blanche, j’ai juste le temps d’apercevoir la plaque très discrète
d’un hôtel. L’Aston Martin s’engouffre dans le parking souterrain voisin.
Absorbée par notre conversation, je n’ai pas pris garde au quartier où nous sommes. Peu importe, ce soir,
ce n’est pas le plus important.
Mon ravisseur gare la voiture sur un emplacement réservé et descend vite pour venir ouvrir la porte de
ma cage. Ma liberté est cependant de courte durée puisqu’il s’empare aussitôt de ma main, comme s’il
craignait que je m’échappe.
Il m’escorte ainsi jusqu’à un ascenseur qui nous emmène vers un cinquième étage tout aussi mystérieux.
Dans la cabine, luxueuse, bien qu’un peu vieillotte, je ne trouve aucune indication de l’endroit où je me
trouve.
Lorsque les portes s’ouvrent, nous déboulons dans un couloir dont l’épaisse moquette rouge sombre
étouffe le bruit de nos pas.