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— Bien patron ! Nous sortons vendredi ?
— Je vais vous faire visiter l’ancienne imprimerie de mes débuts, annonce-t-il fièrement.
Octobre, puis novembre passent ainsi. Paul Peyriac et moi jouons alternativement au prof et à l’élève,
chacun sa semaine. J’avoue sans honte que les semaines où il est le prof sont très largement plus
passionnantes que celles où je me contente de lui faire découvrir internet et ses astuces.
***
Paul est curieux de tout, il réclame de savoir ce que j’aime, quelle musique j’écoute. Lorsque son petitfils
évoque un acteur, un film, c’est moi qui lui raconte. Il me rend responsable de sa messagerie, me
commande d’envoyer certains fichiers. Je suis l’intermédiaire incontournable entre lui et Philippe, de
l’autre côté de l’Atlantique.
Paul reçoit beaucoup de photos de lui. Sur ces clichés, Philippe est entouré de ses amis. Tout comme son
pléthorique carnet d’adresses, ils sont des dizaines à sourire à l’écran. Trois font toutefois partie des
incontournables, une jeune fille blonde, très jeune, aux cheveux si courts qu’elle semble rasée, et deux
garçons, un brun et un roux à la mine comique. Philippe les appelle sa bande.
Paul peine parfois à comprendre ce qui les amuse dans les commentaires qu’ils laissent sur leurs pages.
J’ai souvent du mal à ne pas rire devant son air réprobateur.
Depuis que le grand-père et le petit-fils ont repris contact, seul le décalage horaire les empêche de
bavarder facilement. Je les suis de loin, depuis mon ordinateur, dans ma chambre.
Par curiosité ? Par envie ? Je n’en sais trop rien, je me dis que ce garçon a une sacrée veine d’avoir Paul
Peyriac pour grand-père.
C’est le 20 novembre que Philippe finit par franchir le cap. Quand j’ouvre ma messagerie, je reste
perplexe. Une invitation en attente sur Facebook !
Un peu sceptique, je clique sur le lien mais au moment de valider cette requête, j’hésite. Les
recommandations de Paul me reviennent en mémoire et je choisis donc de ne rien faire pour le moment.
Je quitte le net et je me concentre sur mes notes. Elles sont copieuses, autant que le boucan d’à côté. Les «
balourds », comme je les surnomme à présent, ont décidé de démonter l’immeuble. Les rugissements qui
sont montés de l’étage d’en dessous n’y ont rien fait. Ils prétendent ne pas comprendre le français.
Je revisite la liste des annonces qu’Alain m’a donnée. J’en ai rayé sept sur les huit. Aucune n’allait, trop
chères souvent, trop petit. Je regarde mon réveil d’un air désespéré.
2 heures du mat’ !
J’ai sommeil, mes yeux picotent salement et je n’ai pas encore terminé mon boulot.
Le lendemain, Paul Peyriac me juge sévèrement. Il a la mine sombre et les sourcils froncés. J’ai
***