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Intriguée, à la limite d’être vexée, je me redresse sur un coude.
— C’est si grave ?
— Ennuyeux, si tu veux tenir tête à Philippe. Il doit rester dans le doute. S’il devine qu’il t’excite, il
risque d’en faire un atout. Il faut que tu te maîtrises mieux.
— Facile à dire, je bougonne.
— Question d’habitude, réplique-t-il, moqueur.
— Voulez-vous que je vous suce de nouveau ?
Mon ton taquin ne lui a pas échappé. Il vient me présenter mon peignoir.
— Ne me tente pas, fillette ! murmure-t-il à mon oreille. Il n’empêche que je me sens flatté de t’avoir
mise dans cet état malgré mon âge.
— Mais vous n’avez pas d’âge, Paul, je réfute énergiquement. Vous êtes aussi séduisant aujourd’hui que
vous l’étiez il y a trente ans. Et vous le savez !
Il se pince les lèvres, faussement modeste, puis, enlaçant ma taille, il m’entraîne vers les vestiaires. Ma
leçon de fellation est terminée.
***
Durant les cinq derniers jours, Paul me soumet à rude épreuve. Il souffle le chaud sur ma libido, exigeant
de moi que j’exhibe ma lingerie dans son bureau, que je me caresse devant lui. J’obéis chaque fois avec
la crainte que ma tante surgisse.
Paul le sait et compte bien là-dessus pour endurcir mon tempérament. Il use et abuse aussi de l’œuf
vibrant. Le huitième programme est une étape que j’ai toujours autant de mal à franchir. Deux fois sur
trois, je jouis dès qu’il le met en route.
Je ne me plains de rien, je ne rechigne à rien. Je suis une élève docile et appliquée. En réalité, j’aime ça.
Je n’ai pas l’audace d’ailleurs de lui mentir à ce sujet, c’est inutile.
Philippe a appelé son grand-père la veille de son départ. Pour la première fois, j’ai entendu sa voix. Il a
les mêmes intonations graves que Paul avec une pointe d’accent et un débit plus rapide.
Paul a pris note de son horaire de vol et lui a affirmé qu’il serait à l’aéroport. Il a aussi confirmé qu’ils
dîneraient en compagnie de Pierre et de son épouse, aussi impatients que lui de le retrouver après une si
longue absence. J’ai senti l’émotion du garçon quand il a dit « à demain » et j’ai vu l’éclat de joie passer
dans le regard de Paul. Il me tarde d’être à demain moi aussi.
La maison est en effervescence très tôt le matin. Ma tante est prise d’une frénésie d’époussetage et a
même suggéré que je l’aide. Je ne dois ma liberté qu’à l’intervention de Paul qui réclame mes services de
secrétaire pour lesquels je suis officiellement rémunérée, rappelle-t-il à ma tante qui rosit de confusion.
Décidément, avec elle, il sait comment faire.