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— Nous verrons tout à l’heure <strong>ce</strong> que tu dégoteras dans ma cave, déclare-t-il avant de désigner l’écran<br />

ouvert sur sa messagerie. En attendant, j’ai un peu de travail pour toi.<br />

***<br />

La reprise des cours à l’école de journalisme me donne l’occasion de re<strong>ce</strong>voir une avalanche de<br />

compliments sur mon nouve<strong>au</strong> look. Marion affiche un rictus extatique, elle est amoureuse. Je subis sans<br />

relâche ses confiden<strong>ce</strong>s les plus intimes. Je ne lui en veux pas, elle a toujours été comme ça.<br />

Alain n’est pas revenu encore du chalet que ses parents ont en Suisse. En <strong>ce</strong> début d’année, les<br />

résolutions des uns et des <strong>au</strong>tres prennent des chemins divergents.<br />

D’un coup, <strong>ce</strong>tte école me pèse. J’ai envie d’<strong>au</strong>tre chose, envie de vivre enfin, de vivre pleinement. Il n’y<br />

a que lorsque je suis près de P<strong>au</strong>l, quand je suis à son écoute et que mes doigts volent sur le clavier <strong>au</strong><br />

rythme de son récit que je me sens libre, que je me sens moi.<br />

Quand il me laisse seule pour travailler à son texte et que je m’installe derrière son grand bure<strong>au</strong>, je<br />

pourrais y passer des heures entières sans m’en aper<strong>ce</strong>voir, je suis d’une extraordinaire lucidité, tout est<br />

clair. C’est <strong>ce</strong> que je veux faire.<br />

P<strong>au</strong>l accueille ma confiden<strong>ce</strong> à mon retour de cours avec be<strong>au</strong>coup de sérieux. Il se garde toutefois de me<br />

donner de f<strong>au</strong>x espoirs. Il me rappelle que be<strong>au</strong>coup d’<strong>au</strong>teurs se cassent les dents <strong>au</strong> seuil de l’édition et<br />

très peu en vivent. Il sait de quoi il parle, j’en conviens.<br />

Je n’en suis d’ailleurs qu’<strong>au</strong> stade où je découvre. En quelques mois avec lui, j’ai appris plus qu’en des<br />

années. Il m’ouvre des portes que je pensais résolument fermées pour moi, je rencontre des gens<br />

passionnants. Il n’est pas une semaine sans qu’il me sorte du bure<strong>au</strong> pour faire une nouvelle découverte<br />

dont je reviens avec des étoiles dans les yeux.<br />

Conformément à sa demande, je consigne scrupuleusement chacune de nos visites dans un journal de bord<br />

qu’il conserve dans son tiroir. Il aime be<strong>au</strong>coup lire mes chroniques même s’il trouve mon style un peu<br />

trop journalistique à son goût. Il corrige volontiers mes erreurs et, là encore, en quelques semaines, mes<br />

progrès ont été nombreux. C’est en tout cas <strong>ce</strong> qui est écrit sur le compte rendu du trimestre que j’ai reçu<br />

par la poste la veille. Je suis sur mon petit nuage.<br />

L’arrivée de ma tante L<strong>au</strong>ren<strong>ce</strong> <strong>au</strong> début de la semaine suivante marque le retour à une vie presque<br />

normale. Au revoir les repas du traiteur en tête à tête avec P<strong>au</strong>l, dans le petit salon jouxtant le bure<strong>au</strong>. À<br />

la grande surprise de tout le monde, le maître des lieux décrète soudain que <strong>ce</strong>tte immense maison a<br />

besoin de retrouver de la vie. Il fait faire le grand ménage dans la salle à manger qui n’a pas servi depuis<br />

près de deux ans et annon<strong>ce</strong> d’un ton sans appel que désormais, il prendra là tous ses repas en ma<br />

compagnie.<br />

À ma tante qui le regarde d’un air médusé, il décoche un sourire hallucinant en lui faisant remarquer que<br />

ça ne changerait rien pour elle puisqu’elle rajoute toujours une part pour moi <strong>au</strong>x plats qu’elle mitonne.<br />

Les joues de L<strong>au</strong>ren<strong>ce</strong> rosissent, elle h<strong>au</strong>sse les ép<strong>au</strong>les et m’adresse un clin d’œil compli<strong>ce</strong>. Elle s’est à<br />

peine émue d’entendre son patron me tutoyer et de m’entendre l’appeler par son prénom, comme si elle<br />

savait que ça arriverait. Elle ne m’en fait <strong>ce</strong>pendant <strong>au</strong>cune remarque et je lui en sais gré.

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