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faisait. Elle a prétendu que ça avait été plus fort qu’elle, m’a juré que personne ne l’avait jamais fait jouir
comme moi et, pour me le prouver, elle s’est répandue encore sur mon bureau. Si vous saviez, Mina, ce
que j’ai aimé ça !
J’avale difficilement une bouchée et je réclame la suite.
— Béatrice savait très exactement ce qu’elle voulait et ce qu’elle voulait, c’était moi. Elle m’a dit sans
que ça me surprenne qu’elle était riche, que sa famille était influente et que je pourrais en profiter.
— Et c’est ce que vous avez fait, je conclus trop hâtivement.
— Pas du tout, nie Paul en m’observant d’un œil rieur.
Je reste ma fourchette en l’air.
— Je lui ai répondu que je n’étais pas un objet, que sa fortune et son carnet d’adresses, je n’en avais rien
à foutre et qu’elle avait le cul posé sur le bureau d’une boîte qui allait très bien et dont j’étais le patron,
quoi qu’elle en pense. Elle en est restée muette assez longtemps pour que je puisse ajouter qu’elle
m’excitait terriblement, que j’aimais la prendre ainsi, mais que si je le faisais, c’était seulement parce
que j’en avais envie et pas besoin. Pour bien la convaincre, je l’ai baisée à ma manière. Je l’ai entendue
gémir pour la première fois. Je l’ai prévenue que jamais je ne renoncerais à être le seul maître de mes
actes et que si ces conditions ne lui convenaient pas, il était inutile qu’elle revienne.
Dans ces propos, je reconnais enfin l’assurance de Paul, ce qui fait qu’il était et reste un chasseur et non
un gibier. Son regard pétille, il aime ce qu’il lit dans le mien. Tout s’est remis à sa juste place, tout est
conforme à ce que je pensais. J’en suis presque soulagée. Je n’imaginais pas Paul Peyriac dans la peau
d’un gigolo profitant de la fortune d’une femme qui l’aurait acheté pour le plaisir. Il me laisse le temps de
prendre quelques notes avant de poursuivre.
— Vous savez ce qui caractérisait le plus Béatrice ?
— Dites-moi !
— C’était son assurance hautaine, sa façon de considérer tout comme acquis. Pour la première fois, elle
s’est heurtée à plus solide qu’elle. Je crois qu’elle ne m’aurait pas aimé si je ne lui avais pas résisté.
C’est d’une personnalité comme la sienne dont j’avais besoin. Il me fallait sa force et son assurance. Elle
m’a montré ce que j’étais au fond de moi. J’ai voulu qu’elle m’appartienne très vite, je me serais fort bien
passé de fiançailles que je jugeais inutiles mais elle s’est braquée. Ce n’était pas comme ça qu’elle
entendait devenir ma femme, elle ne supportait pas l’idée d’un mariage à la sauvette et exigeait les
honneurs. Je lui ai cédé sur ce seul point même si je lui ai répété cent fois que peu importait l’accord de
ses parents, nous n’avions besoin de rien. Elle tenait par orgueil à leur prouver qu’elle avait raison. Et
elle a obtenu ce qu’elle voulait.
— Vous avez été un homme heureux ?
— Je vais vous confier un secret, Mina, un secret que personne ne connaît, pas même mon fils qui,
pourtant, aurait pu se douter de quelque chose quand il a commencé à travailler aux éditions.