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Je ne peux m’empêcher de l’imiter.
— Quand dois-je commencer ?
Il pose alors la main sur la mienne comme si je venais de lui offrir le plus beau des cadeaux.
— Vous avez déjà commencé, Mina.
***
Deux jours avant mon départ pour la Bourgogne où je vais retrouver ma sacro-sainte famille, le sapin
gigantesque du Morvan voisin et la volaille aux champignons amoureusement chassés par mon père, Paul
me convoque à plus de 22 heures dans son bureau. Je dis bien convoque, car le ton qu’il a au téléphone ne
permet pas la contestation.
J’enfile un manteau et je trottine rapidement dans le froid jusqu’à la maison. J’entre en habituée des lieux
par l’arrière-cuisine éteinte. Ma tante Laurence a déjà regagné ses terres natales pour prêter main-forte
aux préparatifs du réveillon, tradition oblige ! Tout est dans la marinade prétendait soi-disant ma grandmère,
la vraie.
Avant de frapper à la porte du bureau, j’entends les échos d’une conversation feutrée. Paul m’invite à
entrer de sa voix grave et se lève à mon approche tout comme la jeune femme en face de lui.
— Ma chère amie, laisse-moi te présenter Mina que tu connais mieux sous le nom d’Hermine Dalambray,
dit Paul d’un air très sérieux.
Elle est d’une beauté fracassante et d’une élégance éblouissante. Elle doit avoir une trentaine d’années
mais au fond, elle n’a pas d’âge, sa beauté est intemporelle. Elle vous pénètre de ses yeux d’un vert
intense pareils à deux émeraudes brillantes sur un visage de porcelaine. Ses cheveux, tirant sur le roux,
dégringolent en vagues sur ses épaules. Elle me tend une main franche. Je dois me secouer pour lui rendre
son bonsoir enjôleur. Paul a l’air satisfait de mon hébétude.
— Mina, je vous présente Mickaëlla Duivel.
— Enchantée, lui dis-je sans savoir encore à qui j’ai affaire.
Paul nous invite à nous asseoir et sans nous consulter, ni elle, ni moi, il nous apporte un verre de cognac.
Je garde prudemment le mien à la main. Il s’installe en face de nous et fronce les sourcils comme chaque
fois qu’il se lance dans une explication délicate.
— Mesdames, je tenais à ce que vous vous rencontriez pour plusieurs raisons, commence-t-il. La plus
évidente d’entre elles, vous l’avez sous les yeux, n’est-ce pas, Mina ?
Je comprends qu’il attend mon avis sur notre visiteuse. Je ne peux nier une évidence.
— Madame Duivel est une personne qu’on ne peut ignorer, dis-je sincèrement. Je mentirais si je
prétendais n’en être pas jalouse.
Elle me sourit d’un air indulgent.