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Kait rit de bon cœur, encline visiblement à croire mes mensonges.
— Une petite soirée avec des amis, ça te tente ? je lui demande.
— Oh, le grand-père de Philippe veut qu’on aille dîner chez son fils.
Je comprends soudain la manœuvre orchestrée par mon cher employeur. Le pauvre Philippe risque d’être
soumis à rude épreuve ce soir.
— Mais j’avoue que je n’ai pas du tout envie de ça, ajoute-t-elle avec un ton de dégoût.
— Et bien, tu n’as qu’à me rejoindre, je me charge de prévenir Paul et Philippe si tu veux !
Kaitline tombe encore une fois toute crue dans mes filets et accepte avec enthousiasme. Je lui donne
l’adresse du pub et le moyen le plus rapide d’y parvenir. Elle prend bonne note et promet de se presser
en me remerciant vingt fois.
Je me hâte d’avertir Paul par SMS et je regagne l’assemblée bruyante de mes amis. Moins d’une demiheure
plus tard, la blonde canadienne se faufile à notre table. Elle a revêtu pour l’occasion une salopette
d’un vert pomme stupéfiant sous laquelle elle porte un T-shirt déformé qui ne cache pas grand-chose de
sa poitrine d’adolescente.
Passé le cap de la surprise générale face à son allure incroyable, elle est rapidement adoptée par tout le
monde. Elle devient même l’objet principal de toutes les curiosités et de toutes les attentions, ce qui la
flatte et l’enchante.
J’observe la scène avec amusement. La pauvre Kaitline est peut-être d’une naïveté affolante, mais son
charme étrange et sa bonne humeur font des ravages. Même Alain ne reste pas indifférent à ma jolie
victime et la contemple parfois avec un drôle d’air gourmand. Je commence tout doucement à réaliser
comment Philippe a pu se laisser séduire.
Les heures passent dans une franche gaîté. Nous dînons tous ensemble autour de quelques verres de bière
que Kaitline apprécie plus que de raison. Mes mises en garde n’y font pas grand-chose et je la vois avec
consternation s’enfoncer dans une euphorie alcoolisée. Connaissant par avance son redoutable penchant,
je décide d’abréger la soirée avant qu’il ne soit définitivement trop tard.
Kaitline proteste bruyamment en se pendant au cou d’un Alain qui regarde ça d’un œil tout aussi
sceptique que moi à présent. Compatissant devant ma moue ennuyée, il se propose très gentiment de nous
ramener en voiture, ce que j’accepte avec soulagement. Me balader dans les rues de Paris avec une
extraterrestre imbibée et titubante, non merci !
Je dois lourdement insister pour qu’elle consente à sortir du bar. Elle ne cède à ma supplique que parce
que je lui promets de la câliner. Alain me lorgne avec un sourire moqueur mais se garde heureusement de
commentaires déplacés.
Je réussis à enfermer « E.T. » à l’arrière de la voiture de mon ami et je m’installe à l’avant tandis qu’il
démarre.
— D’où tu la sors, celle-là ? me demande-t-il, rieur.