Télécharger ce livre au format PDF - Index of

soupir. Quand j’ai été sur le point de jouir à mon tour, elle m’a embrassé et m’a retenu en elle. Après ça,
elle est repartie sans un mot.
Je reste bouche bée, mon ventre lance des appels désespérés. Paul s’écarte de la table pour permettre au
serveur de poser le plat. Je dois me secouer pour en faire autant. Il m’invite à manger d’un signe de la
main, comme si de rien n’était, comme si nous bavardions simplement de la pluie et du beau temps. Je
mastique mécaniquement même si je trouve ça bon, j’ai du mal à revenir sur terre.
— Pourquoi a-t-elle fait ça, je réclame, impatiente. Que s’est-il passé ensuite ?
Paul ricane, il s’amuse, mais il mange surtout et se fâche que je n’en fasse pas autant. J’obéis
promptement en restant attentive.
— Toute la nuit, je me suis demandé à quoi rimait son jeu, reprend-il. À la fin, j’en ai conclu qu’elle
avait sans doute voulu s’offrir un bon moment avant de s’unir à son comte qui ne devait pas lui apporter
le plaisir qu’elle souhaitait. J’étais tourmenté de questions auxquelles je n’avais aucunes réponses. La
seule chose dont j’étais convaincu, c’était que je n’allais jamais revoir Béatrice de Domfort. Mais contre
toute attente, à la même heure le lendemain, elle a poussé la porte de mon bureau, sans frapper, et elle est
venue s’asseoir sur ma table. Elle n’a pas dit un mot, elle a juste écarté les jambes.
— Vous ne lui avez rien demandé ? je m’exclame, la fourchette piquée dans un morceau de viande.
— Si bien sûr ! Elle m’a dit qu’elle me trouvait beau et touchant, que je n’avais rien à craindre d’elle,
que je devais encore lui donner le plaisir qu’elle était venue chercher. Je n’ai pas su lutter contre ça.
— C’est tout ? je fais, déçue de son manque d’autorité, lui que je connais si intimidant, si sûr de lui.
— Oui ça été tout pour ce jour-là. Béatrice me rendait complètement fou. Je ne rêvais plus que d’elle, je
me suis mis à espérer, le soir venu, d’entendre le bruit de ses pas derrière ma porte. Et elle est revenue le
lendemain, puis le surlendemain.
— Vous faisiez l’amour à chaque fois ?
Paul sourit encore.
— En effet, j’ai fait de rapides progrès et elle semblait apprécier ça.
— Mais… ses fiançailles ?
— Son petit manège a duré environ deux semaines avant que je m’émeuve à ce sujet. Elle m’a regardé
comme si je venais de la planète Mars puis elle m’a informé qu’elle avait rompu avec son fiancé. Je lui
ai demandé pour quelle raison et elle m’a répondu, comme je le pensais depuis le premier jour, qu’elle
n’imaginait pas passer le reste de sa vie auprès d’un homme sans jamais ressentir le plaisir, fût-il comte
ou le roi lui-même. Béatrice m’a déclaré sans complexes qu’elle aimait le sexe, qu’elle le considérait
comme un des fondements d’un mariage réussi. Le comte n’était définitivement pas l’homme qu’il lui
fallait. Je lui ai demandé pourquoi moi. Elle m’a répondu que mon regard sur elle l’avait séduite, qu’elle
s’était sentie vraiment désirée, qu’elle en avait été chamboulée au point de se faire jouir seule la nuit qui
avait suivi notre rencontre. Elle n’avait pas su résister au besoin de revenir sans trop savoir ce qu’elle