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— Vous êtes enfin vous, fait la voix enrouée de P<strong>au</strong>l dans mon dos.<br />
Il admire comme moi mon reflet dans le miroir. Son regard est dur comme s’il réfrénait un sentiment.<br />
— Je ne me sens ni plus tout à fait moi et pas encore une <strong>au</strong>tre, dis-je timidement.<br />
— Dans quelques minutes, vous oublierez votre image et vous vous sentirez en phase avec vous-même.<br />
Venez, il est temps d’aller déjeuner.<br />
Je me détache à regret de <strong>ce</strong>tte <strong>au</strong>tre qui me sourit dans la gla<strong>ce</strong>, <strong>ce</strong> moi en mille fois mieux. Je fais très<br />
attention <strong>ce</strong>tte fois, je surveille, mais P<strong>au</strong>l ne paye pas non plus les servi<strong>ce</strong>s du coiffeur et de la<br />
maquilleuse. C’en est trop !Je ne me contiens que le temps de monter plus ou moins élégamment dans la<br />
voiture.<br />
— Vous êtes attentive malgré les circonstan<strong>ce</strong>s inhabituelles, se contente-t-il de me répondre. Je vous<br />
félicite.<br />
— Ils vous font crédit ?<br />
Il rit, d’un rire sincère et sonore.<br />
— Certes non ! Disons que c’est un accord entre nous. Je vous en parlerai plus tard. Pour l’instant, je suis<br />
mort de faim, pas vous ?<br />
— Si ! Où m’emmenez-vous après m’avoir transformée ainsi ?<br />
— Nous déjeunons <strong>au</strong> Crillon, balan<strong>ce</strong>-t-il comme s’il s’agissait d’une cantine.<br />
Je tente de garder bonne contenan<strong>ce</strong>, je n’ai jamais passé la porte d’un tel établissement.<br />
— Rien ne v<strong>au</strong>t l’expérien<strong>ce</strong>, Mina. Laissez-moi faire <strong>of</strong>fi<strong>ce</strong> de pr<strong>of</strong>esseur.<br />
— Ce sont des leçons qui vous coûtent cher, ne puis-je m’empêcher de lui faire remarquer.<br />
— Vous plaisantez, j’espère !<br />
Son ton sec et son air fâché me surprennent.<br />
— Voilà plus de trois ans que je n’ai pas mis le nez en dehors de chez moi. Vous me rendez <strong>au</strong>jourd’hui<br />
un plaisir <strong>au</strong>quel je ne goûtais plus. Le cade<strong>au</strong> que vous me faites est inestimable. Alors que sont <strong>ce</strong>s<br />
petites dépenses <strong>au</strong> regard de <strong>ce</strong> que vous m’<strong>of</strong>frez ?<br />
— Je ne vous <strong>of</strong>fre rien, vous prenez, je réplique avec franchise.<br />
Il rit de plus belle.<br />
— C’est en partie vrai. Mais je constate que vous y mettez de la bonne volonté. Osez donc me dire que<br />
vous n’éprouvez <strong>au</strong>cun plaisir ?