Le 12ème Evangile - Margelle

ça, c’est une autre histoire et formatés comme je vous connais, ça vous prendra
du temps pour devenir Le Créateur de toutes choses.
Moi, je sens que c’est mon dernier rôle, que je vais sortir de ce livre dont je
ne connais pas la fin et que Des Ombres va accaparer tout l’espace à disposition.
Alors salut ! En guise d’adieu, j’aimerais vous parler de mes passions, de mes visions,
de l’une qui revient souvent ici et que l’on pourrait nommer Le Fleuve. Ça
résume à peu près tout ce bouquin et les précédents. Ça parle du temps, de turbulences,
de création, d’écoulement et de musiques nouvelles, de grands rêves.
J’habite une maison sur une falaise.
En bas coule un fleuve que je nomme Achéron 122 . Dans cette histoire je décris
deux fois la voix des morts, celle que je puis entendre les nuits d’été. Mais
d’où vient cette identification à un fleuve mythique ? De grands rêves. La vie
est traversée de grands rêves et de rêves ordinaires. 123 La plupart de temps vous
les oubliez, il faut les noter et vite ; j’ai souvent décrit la manière selon laquelle
les rêves s’enfuient, pareils à une note de musique qui perdrait sa fondamentale,
dont il ne resterait que le timbre, un parfum, les harmoniques supérieures narquoises
et souriantes mais plus un récit. Des grands rêves j’en ai eu beaucoup,
par périodes et j’en ai noté quelques-uns. Ils ne se décrivent pas vraiment avec
des mots mais… comme nous n’avons rien d’autre on essaie de les transcrire.
Celui que vous lirez, en annexe de cette histoire, se nomme Le Fleuve et sa
seconde version Le Fleuve de tous les silences. Il y a aussi le passage d’une
fille centrale, apparue le temps d’un éclair qui illumine mes nuits, et ça donne
l’Indienne, un texte tardif, sans ponctuation, voulu d’un seul jet, à dire en apnée.
Ce sont des songes forts comme des alcools. On y est quelquefois traversé
par l’énergie et l’on y survit à peine. Je crois que tout le monde en fait, en a, en
est traversé. Il est possible que ceux qui ont beaucoup lu associent de grandes
bibliothèques à de grands rêves. En tous les cas on peut raconter l’histoire de
Mélissa comme celle du Fleuve. C’est le même torrent, avec en plus, en finale,
la Déesse Mère. Cette inévitable qui partage tous nos récits et que j’ai envie de
nommer :
L’intertextu(Elle).
122 Achéron : (Αχέρων) fleuve qui mène (coule) vers le royaume des morts. Dans La
Divine Comédie de Dante, l’Achéron forme le bord de l’enfer. Voir le chapitre La Voix des
Ombres. Thème récurrent du Fleuve, flux, écoulement, chaos et… identité dans le Chaos.
123 Voir C G Jung, l’homme à la recherche de son âme.
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