Le 12ème Evangile - Margelle

ment de me retrouver chez moi… enfin, dans l’antre de Big Mama qui pratiquait
le même style. Ça m’intéressa beaucoup de constater que ce comportement
d’avant Avène avait survécu. C’était quelque chose de lié au pouvoir de l’argent
et très incompatible avec le sexe et même… la vie. Toutes ces marionnettes
étaient castrées par leur soif d’argent. Ça tombait bien, ils n’étaient pas du tout
mon genre.
Fuld, finalement, vint vers moi et fit la grimace. Il me trouvait trop grande
pour son cinoche habituel, je pouvais lire ça dans les deux billes dures qui lui
servaient d’yeux, je réprimai l’envie de gentiment lui écraser la pomme d’Adam.
Avec une lenteur savoureuse.
- Tout ce qu’on vous attend de vous, Willard, c’est de transmettre une liste
de dates et d’actions dans le bon timing tout en restant invisible, me dit-il d’une
voix cassante. C’est très sensible. Pour le reste vous fermez votre gueule, vous
resterez en vie et vous aurez droit à un bonus quand tout sera terminé.
Madoff sourit.
- Fini… et prêt à repartir, ajouta-t-il avec une grande douceur.
Sensible ! Chez ces gens-là, sensible ne signifie jamais compréhension, douceur,
finesse, empathie, amitié, ça équivaut à mortel, argent, méchant et tueur.
Sur quoi je suis entrée en phase avec… mon moi profond. Ça vous épate ?
Moi aussi. J’étais sans aucun doute, dans ce bureau, aux origines de la crise qui
a fait chuter l’Amérique et le monde financier international quelque part avant
Evène. Ces pauvres types étaient-ils vraiment les auteurs d’une modification
planétaire ? J’en doutais, la réponse devait absolument être plus globale. Ce qui
me dépassait et me faisait enrager c’était cette constante référence à l’Amérique.
Pourquoi s’empoisonner l’esprit avec ce pays de voyous et de cons ? Le temps
se figea et Dieu entra, sans se presser. Par la porte ! Il devenait Ciel à Terre mais
je gardai cette réflexion pour moi.
- Tu es en mission, constata-t-il. Ce n’est pas le moment de rêver.
Chose curieuse je le trouvai à nouveau sexy. Ça me fit du bien. Il devait avoir
effacé quelque chose de ma mémoire car il me rappelait quelqu’un et j’avais
le sentiment d’être provisoirement purgée de mes souvenirs. Je me suis fait la
réflexion que si on faisait un livre de mes aventures on pourrait l’intituler les
Palinodies de Mélissa. Ou même Méli-Mélo-Mélissa… Je ne cessais jamais de
changer d’avis, de température et d’état sexuel.
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