Le 12ème Evangile - Margelle

Mon talon de 12 cm perça sa coque avec un son strident.
- Na ! ponctuai-je (c’est mon côté spontané).
- Pas mal, fit Dieu, tu as étudié les films de ce Belge 18 qui parlait anglais tout
le temps ?
- ReNa ! refis-je en achevant la chose à coups répétés de talon et en le passant
au champ électromagnétique de mon ami suisse finalement dégagé, non mon
Pote, on ne s’élève pas à mon niveau dans la rédac de BMW sans savoir se battre.
Mais je ne m’étais pas aperçue que l’amas de ferraille circuitée se reconstituait
rapidement, développait un bras en forme de sabre et fendait l’air pour
porter, à la plus fatale des filles le plus fatal des coups. Tant pis, eus-je le temps
de philosopher avant l’impact, c’était bien, j’étais bien, une belle fille certes
sous-exploitée mais bourrée de charme et de ressources. Adieu monde cruel, je
laisse potentiellement veuf une meute de princes et princesses charmantes qui ne
me connaissent pas encore mais me désirent follement. Que de beaux mecs et de
superbes filles qui n’auront pas joui avec moi, c’est trop con ! Je…
Je m’aperçus que j’étais entière, rien de déchiré, pas d’abattis de Mélissa ornant
les réverbères d’époque ou les chaises de néopalme blanc éparses aux terrasses,
le monde était flou autour de nous, les sons tamisés et le robot filait,
désarticulé, vers Denfert et ses perspectives.
Dieu toussota.
- Je ne dispose plus des pouvoirs qu’on me prêtait dans la Bible, me confia-til,
mais je suis tout à fait capable d’améliorer certains de vos petits gadgets. Ce
cône de silence est utile pour s’isoler du bruit social, je l’ai un peu bricolé pour
en faire un cône d’improbabilité temporaire.
J’en étais baboume.
- En fait, poursuivit-il, en dehors de notre petit cône, les autres ne nous voient
plus pendant quelques minutes. Rien qu’un petit tremblement, un zeste de
mirage.
Je connaissais ça, la fameuse stealth technique. Ça avait marché pour annuler
les échos radars mais sur le plan de l’image personne n’avait obtenu de résultats
convaincants, un certain Predator mis à part. Simuler le proche environnement
pour effacer son image restait un foutu défi. Pour Dieu, évidemment, c’était
probablement de la routine. Vous savez quoi ? Ce type me plaisait terriblement,
je me sentis toute chaude. Je ne sais comment des phrases me traversèrent, je
vous les note :
18 Il n’y a que Lui pour se souvenir de films aussi ringards
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