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Le 12ème Evangile - Margelle

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Ça, c’est pour le décor de base. Car rapidement je me résumai à une trajectoire<br />

qui me rappela un peu les anciens jeux d’arcade. Je heurtais des champignons<br />

lumineux et j’ai dû faire tilt avec une masse d’inconnus selon ce flippant flipper.<br />

Ce que je voyais ou croyais voir n’avait aucune logique. C’était le produit de<br />

toutes les logiques et pas du tout séquentiel. <strong>Le</strong>s chrono-dégueuleurssont une<br />

invention aberrante et c’est sans doute ce qu’il faut pour parvenir à briser des<br />

briques homogènes de temps. On dit que leur inventeur, après avoir saisi la portée<br />

de ses équations, s’est suicidé au chocolat : il a de la chance, moi je l’aurais<br />

terminé à la petite cuillère, lentement, avec délectation.<br />

Je tombais comme une démone - ce que je suis quelquefois - dans le noir des<br />

temps d’espace, chassée, éjectée par une SS (Salope Supérieure) qui passait par<br />

là dans ma carrière et qui avait fait du zèle - je tombais vers la pire des agonies :<br />

une autre naissance - loin de Denfert et de mon nouveau copain, il me fallait<br />

absolument renverser la vapeur.<br />

- Volver, volver… me dis-je in petto (et en espagnol). J’ai totalement oublié<br />

de vous dire que, malgré mon nom inclassable (Mélissa, à part Métisse d’Ibiza,<br />

c’est canadien, français, vénézuélien, sénégalais et autres, tout juste pas chinetoque)<br />

je suis une Espagnole bon teint, une Madrilène, et que ma langue maternelle,<br />

dans les grands moments, me revient en bouche. Nous autres les Ibériques<br />

adorons l’idée de mourir car si nous venions à manquer d’aléa, d’entropie et de<br />

catastrophe, nos vies ne seraient que ce long fleuve tranquille au cours prévisible<br />

dont l’idée même nous effraie. Il fallait que je revienne vite à la seule identité<br />

que je me sache véritablement, Mélissa, la fille la plus sexy à l’Ouest de Denfert,<br />

une situation enviable, vous en conviendrez.<br />

Mes copines, soit dit en tombant, étaient toutes là. Spectatrices de mon<br />

déchoir, chacune, venue de sa dimension, apparurent dans des fenêtres jaillies<br />

de ce rien d’espace. Plop ! Un autre window ! Je les considérai, sans pouvoir<br />

ralentir ma chute, ces salopes qui me savaient et me souriaient, entités lucarnes<br />

dans l’espace. Elles étaient venues contempler ma dérive des mondes, s’en divertissant<br />

fort, Hannelore bien sûr mais Cannelle aussi et surtout celle dont je<br />

n’ai pas eu le temps de vous parler, Plurabelle, ma plus grande rivale. Je les vis<br />

se tordre de rire en me voyant, sur la route d’ALEVE, en chemin vers EVÈNE,<br />

chuter loin de Denfert et rajuster mon pantalon de cuir ultra-moulant tout en<br />

tentant de conserver un débardeur qui avait des envies de voilure, ces femmes ne<br />

témoignent jamais de compassion à leurs congénères, elles ne sont douées que<br />

pour la résorption des mâles, la dilatation de leurs corps caverneux et le rire.<br />

- Mujeres, guapas amigas, compañeras, leur dis-je du Nada - et mes mots<br />

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