Le 12ème Evangile - Margelle

Soli(psismes) !
(Une chute dans la lumière)
Le solipsisme ? Simple, c’est quand je m’aperçois que ma
conscience est l’unique fondement du réel, quand je décode les
fronts d’onde de probabilités. Ce qui me trouble, c’est de me
demander si tu les décodes de la même manière et si nous sommes
réellement ensemble… C’est un risque couru par la pensée !
Des Ombres (Entretien avec)
Dieu a tenu parole. Ça fait des semaines que je vis avec Des Ombres. J’ai délimité
mon territoire dans son appartement et l’en ai fémininement exclu. Il est
ravi, comblé. Je savais très bien que nous vivions tous les deux sous la menace
d’une rupture. Pas celle de notre relation… une rupture de notre réalité. Ces
instants fous, tout ce bonheur n’étaient dus qu’à la plus banale des choses : un
choc, une fusion, deux être qui se rencontrent. Une nuit, je rêvai que j’étais sa
mort et me réveillai en nage. Lui dormait paisiblement, pour la première fois j’ai
ressenti un sentiment tendre et peut-être… maternel. J’ai détesté. Après un tel
rêve je voulus devenir Celle qui le fasse vivre.
Ses obsessions de musicien, paradoxalement, pour moi qui n’aimais pas ses
œuvres, nous ont été très utiles. Je lui demandais de me reparler de cette nuit lors
de laquelle il était “tombé dans la lumière”, ce sont les mots qui reviennent sans
cesse dans son discours.
- J’écrivais Monades II, me disait-il, à cette époque je n’avais qu’une chambre
dans le grand appartement de ma mère, je m’en accommodais. As-tu vu mes
partitions ?
Il partit chercher des manuscrits de grande taille qu’il me posait sur les genoux.
J’hallucinais, il y avait une population de pattes de mouches incroyables.
De vingt à trente portées sur une seule page, comment avait-il pu aligner tout
ça ?
- Comme tous les compositeurs, s’amusait-il. Avec une règle, une équerre et
une planche à dessin.
- Oh ? Mais tu crois que les grands maîtres classiques disposaient de ça ?
- Ils étaient moins cons que nous… Notre destin à tous c’est la complexité
croissante. Le monde est écrit comme ça. Cette partition en parle.
- Mais pourquoi une équerre ? insistai-je.
- Tout bêtement pour aligner les barres des notes qui se jouent en même temps.
Dans une partition le temps est horizontal et si des notes se jouent en même
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