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Le 12ème Evangile - Margelle

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carrément trop vivante et imprévisible. Est-ce avec ça qu’il m’a attrapée ? Crois<br />

pas. Mais ça a joué un rôle. <strong>Le</strong> personnage était de prime abord très doctrinaire,<br />

très sûr de lui. Vous vous souvenez des pensées qui me traversaient à Stuttgart ?<br />

Je me suis sentie écartelée entre les pôles de sa musique, illuminée par de<br />

dansantes galaxies lumineuses suraiguës et aspirée vers le temps obscur que son<br />

inconscient projetait, vers sa matière noire. C’est au fond le premier mec qui ait<br />

fatigué Mélissa, je n’aurais jamais cru qu’une musique puisse être aussi<br />

exténuante, j’étais aussi éreintée que fascinée. Je me suis rendu compte que je<br />

n’avais aucun moyen de décrire cette expérience et j’ai honteusement disparu en<br />

lui laissant, dans les toilettes de la salle de répétition, un petit mot, avec l’idée de<br />

revenir, peut-être…<br />

Avec le temps je me dis que c’est à ce moment je suis tombée amoureuse de<br />

lui. Une situation craignos car il y avait la présence de mon top 1 , cette merveille<br />

qui se prénomme Dieu. J’ai ressenti, je l’avoue, des choses étranges avec lui,<br />

en partageant sa vie. De la peur car je me savais en sursis (N’importe quand un<br />

crétin pouvait tirer la chasse et me précipiter dans un autre temps qui serait sans<br />

aucun doute moins aimable) et des sentiments de femme, ce fatras, ces lacis<br />

de quoi nous pensions nous, les filles d’après Evène, nous être définitivement<br />

débarrassées. <strong>Le</strong>s femmes de mon temps ne se torturent plus les méninges pour<br />

comprendre les hommes, elles ont trouvé dans nos zines et les pubs des médias<br />

vénusiens leur nouvelle identité et ça leur convient. Mais moi Mélissa, l’autre<br />

été, voici que je réalise que l’amour est la seule aventure intéressante. Je ne vous<br />

dis pas que je vois déjà en lui un bon père doublé d’un amant viril et du type qui<br />

descend la poubelle. Je vois une possibilité de me réaliser avec lui. Une chimie<br />

médiévale… Comme disait une piquante journaliste d’Avène 152 , la vie de couple<br />

n’est pas une sortie chez Ikea 153 et il ne suffit pas de trois vis pour monter Monsieur<br />

comme on construit son étagère. Je suis convaincue que ce temps était celui<br />

de l’incompréhension réciproque et que les hommes ne recherchaient le pouvoir<br />

que pour séduire des femmes. <strong>Le</strong>ur insécurité n’a pas diminué… La seule chose<br />

qui donnait un sens à leur vie c’était notre continent noir. Nous avons réglé ce<br />

problème mais il me semble que j’y retombe. Je ne suis pas une experte de cette<br />

époque et à vrai dire, depuis Evène, personne ne l’est. Nous avons des archives,<br />

elles sont peu consultées. Je fais partie des curieuses et j’ai noté quelques étapes<br />

du comportement féminin avant le grand changement. L’une d’entre elles est<br />

l’apparition de la dominatrice. La femme est naturellement dominante mais elle<br />

n’a jamais eu besoin de le montrer. Toutefois, il me semble bien que vers la fin<br />

des années quatre-vingt elles sont mises en scène, elles sont récupérées par une<br />

152 Isabelle Falconnier romancière in Ne partons pas fâchés, chronique, l’Hebdo, Suisse<br />

romande 2010<br />

153 échoppe scandinaze de l’époque, a disparu sns laisser de dons. NdTff<br />

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