Le 12ème Evangile - Margelle

Il y a des limites à ce qu’une femme
peut obtenir d’un gadget
Facile à tuer. Impossible à détruire
(Les voyages de Mélissa VII b )
Hannelore émergea de la foule, très à son aise, et me désigna.
- Voici celle que vous aviez tous envie de rencontrer. Je vous présente
l’irrésistible Mélissa.
Elle partit dans un long rire feulé pas trop sympathique. Je ne saluai personne.
J’ai oublié de vous dire que deux gros méchants m’avaient installée sur une
chaise style “haute tension texane” vissée au sol et que de solides courroies de
cuir s’étaient ajustées à mains, bras, hanches, jambes, pieds et je sais plus quoi
encore. Malgré le BioTrap qui m’avait terrassée il y a peu.
- Ne te formalise pas, ma chérie, poursuivit Hannelore, le BioTrap ne dure
que quelques heures, j’ai bluffé. C’est pourquoi je me suis permise de t’installer
confortablement de cette manière. Tu es une grande timide et je n’aimerais pas
que tu nous fausses compagnie. Car tu vas devoir nous raconter beaucoup de
choses.
J’ai jeté un coup d’œil dans les recoins les plus improbables de cette salle,
pas trace de Dieu. Curieusement je n’avais pas peur, je me sentais, comment
vous le dire ? assez calme et en attente. Il m’était évident que la mise à mort
était programmée et qu’une longue séance de torture la précéderait. Comme
pour confirmer cette réflexion Hannelore fit signe à un chauve longiligne et,
sur deux petites tables, tout un matos fut approché de moi. Une petite lampe à
gaz, des bistouris, spirales de plastique et trancheurs variés ainsi que quelques
seringues. En général, quand quelque chose d’extrême se produit, j’utilise le
terme de “médiéval”. Dans ce cas ce serait inapproprié… c’était nul, navrant,
ces gens se déshabillaient devant moi, ils étalaient leur niveau. Ils attendaient
de me voir hurler, supplier, ils attendaient que je me défasse. Que je me déconstruise.
J’avais devant moi les représentants du Mal, ceux qui défont, décréent,
déconstruisent, l’inverse de la Vie. Quelque chose me disait que j’avais encore
un peu de temps devant moi. Si seulement je pouvais actionner mon Femme-
Touch. Mais pour cela il fallait que je caresse mon sein droit en écartant deux
doigts. Mes entraves rendaient ce recours improbable. Je décidai de voir venir,
une chose m’intéressait : quand étions-nous ? À mon époque probablement. Dans
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