Le 12ème Evangile - Margelle

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux
et des flammes,
Ni nager
sous les yeux horribles des pontons.
Halle Burton m’observait, inexpressive. Je réalisai que les gens, autour d’elle,
avaient changé. Ils commençaient à sucer ma vie. La marche au supplice, cette
mise à mort lente convenait à leur vampirisme. Ils étaient, provisoirement, plus
habités, mais par quelle horreur ?
- Un autre, dit Halle, mais arrache-le lui lentement, elle n’est Absolument pas
prête à se livrer à nous.
Hannelore acquiesça et vint vers moi. J’ai joué ma seule carte. À voix basse,
avant qu’elle ne me fixe sa pince infernale, je lui dis la chose la plus improbable
possible, la seule qui pouvait l’arrêter un bref instant.
- Hannelore, mon amour, je dois te dire une chose avant, écoute-moi…
La parfaite Aryenne en fut choquée. Ses grands yeux bleus innocents
s’approchèrent des miens, Sa bouche effleura la mienne.
- Tu as dit mon amour ? Je n’arrive pas à le croire, Mélissa, tu as déjà perdu
ton contrôle.
- Je sais que tu vas m’écorcher, me brûler et me briser, lui dis-je avec toute la
tendresse que je pus simuler. Je t’ai toujours désirée et tu ne l’as jamais vu. Je
t’aime et je vais mourir pour toi et par toi. Je ne te demande qu’une chose et je
t’assure que je coopérerai.
Ses sourcils s’arquèrent.
- Que veux-tu ?
- Caresse mon sein droit, c’est ce que je fais pour jouir quand je pense à toi.
Ça lui plut. Faire quelque chose de sexuel avant les horreurs qu’elle allait me
faire subir ne pouvait que lui plaire. Elle posa sa main sur ma poitrine, un peu
trop haut.
- Ah ! lui dis-je en tremblant, comme c’est bon d’être avec toi, même si le
prix a payer est affreux. Plus bas, écarte tes doigts comme je le fais dans ces
moments-là.
Elle sourit et écarta ses doigts avec lenteur. Encore un peu trop haut.
- Plus bas, mon amour, dis-je dans un râle, plus bas et plus fort, après je suis
à toi.
Hannelore était réellement excitée. Elle n’avait jamais osé imaginer que je lui
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