Le 12ème Evangile - Margelle

nous ne faisions qu’un, peut-être fus-je la Danseuse cosmique, peut-être rien
de plus qu’une terrible vierge qui allait se refroidir et laisser chanter la force de
la complexité, c’était, enfin, la fusion, jamais je ne m’étais senti aussi… totale,
j’illuminais, ma lumière était telle que nous n’avions plus de formes définies, mes
liens n’existaient plus et, sous cette forme de pure énergie sexuelle, je gagnai le
monde alentour, lentement dans le début puis en accélérant.
Je vis les maîtres du monde fondre et se dessécher avec une effroyable lenteur,
et je ris. Ils avaient invoqué l’enfer et ils s’y trouvaient. Leurs hurlements me
furent douce musique. Leurs chevelures s’enflammèrent, leurs yeux sortirent
de leurs orbites et leur chair coula comme une cire malsaine. Qu’avais-je dit
dans l’avion qui m’avait amenée ici ? Faire pleurer Mélissa à un prix. Ils le
payaient. Hannelore, quant à elle, avait utilisé toutes ses énergies pour échapper
à mon soleil divin mais elle se défit avec une rage inouïe, triplant de volume, se
propageant partout comme une folle, elle ressembla à une louve carbonisée. Je
ne suis pas sûre qu’elle ait été une femme, un mélange bionique peut-être ? Sans
importance, elle n’était plus. Je vis la voûte de cette grande salle se liquéfier et
descendre vers nous. Mais déjà ma jouissance gagnait la montagne, se propageait
de plus en plus vite. Dieu aurait pu faire les choses avec simplicité. De son
souffle divin. Mais il avait choisi la force Mélissa.
La falaise de Mikro Céphalée, parut soudain s’embraser et s’ouvrit pour laisser
passer un souffle immense, un vent solaire indescriptible. Le vieux monastère
devint transparent. Le ballet dérisoire des hélicos noirs ainsi que les petits
patrouilleurs rôdant aux alentours fut proprement gommé de la surface de ce
monde et même du réel. Seule la mer se rida un peu, inaltérée, elle n’avait rien
qui déplaise à cette manifestation des origines. 217
- Voilà, dit Dieu. Tu t’es libérée. Et tu as également accompli la seconde tâche.
Il te reste une ou deux choses à faire, tu vas l’apprendre. Mon rôle, cet avatar
s’achève, tu n’as plus qu’à me rendre ma liberté, Mélissa.
J’en ressentis un chagrin immense. L’avoir tant cherché et ne le connaître que
le temps qu’il faut à un soleil pour s’allumer m’était insupportable.
- Ne sois pas triste. Je suis toujours instanciable, dit-Il. Mélissa, je voulais te
dire merci pour toutes ces majuscules. Tu les mérites bien plus que moi, tu sais.
Et… je ne voudrais pas insister mais… le moment venu, la dernière tâche sera
une bonne chose. Pour toi, pour ce monde aussi.
217 Ce récit trouvé par la suite dans les archives des E.U.E est douteux, controuvé peutêtre.
NdEintrgt
268