Le 12ème Evangile - Margelle

savons rien ! Les femmes n’ont aucune idée de ce qu’elles préfèrent car elles
sont trop vastes. Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes et, paradoxe, nous
nous découvrons dans le regard de certains hommes. Ils sont rares mais ils sont.
À propos de vastitude et dévastitude féminine il faut parler du discours masculin
réducteur. Pour nous posséder les hommes se sont servis d’images et de signes.
Le bon côté c’est qu’ils sont là pour nous voir et nous faire exister. Certains
d’entre eux ont dit sur nous de si belles choses que nous ne pouvons que les
aimer. Le mauvais c’est qu’ils ont tous plus besoin d’images pour jouir que de
femmes réelles. Ce n’est pas notre cas, nous sommes plus basiques. Devinez quel
est notre plus grand organe sexuel ? Il mesure environ deux mètres carrés et pèse
dans les deux kilos. Ça n’est pas notre vagin, rassurez-vous. Vous le voyez en
bonne partie tous les jours. Ça s’appelle le tégument… notre peau. Les hommes
n’en ont aucune idée, ils ne savent pas s’en servir. On peut séduire une femme
rien qu’en tenant sa main avec une certaine sensibilité. Ou même en touchant
doucement son oreille pour ne pas parler de cette zone merveilleuse qui est sa
nuque et ses épaules dans l’ombre d’une belle chevelure. Je vous ai souvent
parlé de ce coin secret, derrière nos genoux, le creux poplité. C’est magique,
une petite goutte de transpiration signale que nous sommes parties pour le grand
voyage. Je ne vous parle même pas de nos seins dont ils ont fait un mésusage
tellement ridicule. Nous sommes une surface à jouir. Comme on dit en cette
époque des FemmeTouch. Nous avons souvent manqué de bons programmeurs.
Les hommes ignorent cet organe essentiel mais, il m’est arrivé que l’un d’entre
eux (je balançai un coup d’œil entendu à Dieu qui prit un air modeste) me fasse
divinement jouir rien qu’en caressant mes pieds ! Ça a été dévastateur. Pour
compenser cette ignorance de notre nature les hommes nous ont couvertes de
signes et nous adorons ça, mais il n’en résulte rien de très bon, ils stagnent dans leur
lac des signes. Et dans leur temps trop fugace. La femme, c’est une durée stable.
Nous pouvons jouir sans limite vous savez ? C’est là que les hommes et nous
prenons des chemins divergents. Aucune d’entre nous n’a jamais vu un homme
surfer un orgasme de plusieurs jours, de plusieurs semaines. Il existe quelque
part dans leurs codes de base une malédiction qui rend les hommes bagarreurs et
éjaculateurs précoces. Il suffit de voir la course des spermatos pour comprendre
ce qui leur est arrivé. Il faut éliminer les autres, être le meilleur, le plus rapide.
Pour avoir une chance de nous ensemencer ils se persuadent qu’il faut faire vite.
Balancer leur purée avec la plus forte pression. Nous, nous aimons la durée et
elle nous aime. C’est l’une des raisons pour lesquelles les femmes préfèrent les
femmes. Cette obligation de compétition a fondé la violence masculine, leurs
guerres, leurs religions. Nous sommes différentes par notre force naturelle, nos
bons instincts et notre mémoire de l’espèce. Et surtout en ce que nous ne fondons
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